dimanche 25 septembre 2011

Assises : Karine Torchi avoue mais ne livre toujours pas d’explications

La question lui avait été posée dix fois, et Karine Torchi avait toujours nié. Le président Dominique Bréjoux s’y est essayé une dernière fois, à la fin de l’audience, en détournant la question. Et il a fait mouche.
« Si demain la cour d’assises vous condamne pour l’empoisonnement de Yanis, elle commettra une erreur judiciaire ? » L’accusée a répondu « non ».
Avant d’admettre aussi qu’elle « ne nie pas », étant adolescente, avoir précipité un garçon de 5 ans du premier étage en 1989, et brûlé un handicapé avec un fer à repasser en 1987. Deux agressions prescrites juridiquement, mais qui colorent largement le dossier sur sa dérive criminelle.
« Tu es un monstre », lâche alors la maman de Yanis, sa sœur, après ces aveux.
Karine Torchi a cédé du terrain juste après les témoignages poignants des parents de Samya. « Mes enfants ne s’en remettent pas. Le petit veut qu’on saute tous par la fenêtre pour la rejoindre », a expliqué la mère en larmes, avant de se tourner vers l’accusée : « Tu as tout détruit. » Samya, deux ans, précipitée du sixième étage le 29 juillet 2009 à Belley, Karine Torchi n’a jamais pu expliquer pourquoi. Elle a encore répété hier qu’elle le dirait « plus tard », qu’elle « est malade et doit se soigner ».
Son avocat, M e Uzan, a d’ailleurs réclamé sans succès une troisième expertise, accusant un psychiatre d’avoir « pris partie », et s’appuyant sur le coup de théâtre du matin. Entendue en visioconférence, la mère de Karine Torchi a révélé qu’en 1992, deux jours avant son départ pour la Réunion, sa fille et « un de ses gars » s’étaient présentés chez elle. Elle avait évité un coup de feu en refermant la porte. « C’est pas vrai, comment veux-tu que je me procure une arme ? » a hurlé l’accusée.
Une pierre de plus dans le jardin de Karine Torchi. Mais sans doute aussi de son entourage. Aucune plainte n’avait été déposée à l’époque, pas plus d’ailleurs pour les agressions sur des enfants commis lors de son adolescence. Personne n’avait voulu « faire de vague » et alerter la gendarmerie. Ou confier Karine Torchi à la médecine alors que « le ver était dans le fruit », a relevé M e Uzan.
L’accusée ne relève pas de la psychiatrie ont dit les experts, mais les témoignages livrés hier par sa famille, qui la renie, et ses anciens compagnons, révèlent une personnalité plus que troublée. « Elle est voleuse, menteuse, et manipulatrice », a résumé son frère. Une fille volant son instituteur, puis une femme volant son médecin, les malades de l’hôpital de Belley, et tous ses proches. Jusqu’à dérober les cadeaux de noël de la fille de son compagnon pour les revendre. En niant toujours avec aplomb et en accusant quelqu’un d’autre. Comme pour l’empoisonnement de son neveu, dont elle accusait sa sœur ou le meurtre de Samya, qu’elle attribuait au père.
Son absence d’émotions est également effrayante. Impassible après la défenestration de Samya, la prenant même en photo juste avant le meurtre, Karine Torchi était demeurée sur place, alors que le corps de la petite fille était rapatrié dans l’appartement pour la cérémonie funéraire. Elle avait même dormi dans la chambre de l’enfant…
Tout aussi impassible lors de son procès, Karine Torchi ne sort de ses gonds que quand on l’accuse de violences sur ses propres enfants. Elle s’emporte même parce que « personne ne fleurit » la tombe de son enfant mort né en 2000.
Elle avait mis la photo de celle-ci en ligne sur internet avec ce commentaire : « La plus belle chose qui puisse nous arriver est de prendre un enfant dans les bras. » Ce qui lui vaudra une réplique cinglante de M e Frémion, l’avocat des parents de Samya : « Vous en avez pris un. Mais pour le tuer. » « Elle sait ce que c’est de perdre un enfant, donc pour faire du mal, elle le reproduit », ajoute sa sœur à la barre.
Hier matin, le rapport des médecins a montré que l’empoisonnement de Yanis aurait pu être mortel, et surtout que seule Karine Torchi, diabétique, avait pu administrer de l’insuline à l’enfant. Ses aveux tardifs ne changeront sans doute pas grand-chose à l’issue de ce procès. La cour rendra son verdict aujourd’hui. L’accusée encourt la perpétuité.
http://www.leprogres.fr/ain/2011/09/23/assises-karine-torchi-avoue-mais-ne-livre-toujours-pas-d-explications

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