vendredi 30 septembre 2011

Quatre ans pour le beau-père

Trois heures de débats passionnés pour un dossier où les preuves tangibles manquent. Sur le banc des parties civiles, Nathalie et Sylvie, deux jeunes femmes qui déposent plainte pour des faits déjà anciens. Nathalie, âgée d'un peu moins de trois ans au moment des premières agressions, affirme que son beau-père, à la fin des années 80, venait régulièrement dans sa chambre et lui imposait des fellations. « Au début, j'étais petite, je croyais que c'était normal », raconte la jeune femme.
À 14 ans, elle fugue. C'est une petite soeur qui prend sa place. Des attouchements sur Sylvie mais la victime ne dénonce par les actes cités plus haut qui, juridiquement, sont des viols. Une fois de plus, l'affaire n'a pas été jugée aux assises mais a été « correctionnalisée ».


Les jurés auraient-ils eu le même avis que les juges professionnels ? Car, en face, René F., 49 ans, nie tout. Et les preuves manquent. Souvent, juges et procureure lui posent la question piège : « Comment expliquez-vous ces accusations ? » Le prévenu a dit devant le juge d'instruction qu'il existerait peut-être « des jalousies ». Hier, comme il explique qu'il traitait tous ses enfants, les siens et ceux nés d'une autre union, de la même façon, on souligne des contradictions. Me Patrick Delbar, son avocat, tonne : « Ce sont des questions qui ne devraient pas lui être posées ! Ce n'est pas à lui de donner des explications sur la psychologie des victimes supposées. C'est à l'accusation de fournir des preuves. » Certes, on a envie de croire les deux victimes qui s'expriment avec émotion. Certes, on a envie de suivre la procureure Olivia Thiel qui parle de son « ressenti ». Me Delbar proteste : « On parle de présomption d'innocence mais on ne l'applique pas ! Si les jeunes victimes sont en proie à un mal-être, c'est nécessairement de sa faute. On nous dit qu'elles ne cherchent pas à l'enfoncer, donc que ça prouve que ce qu'elles disent est vrai. Mais, si elles disaient pire, ça serait vrai aussi ! » René F., muré dans son silence, est un « taiseux », pour reprendre l'expression de Me Delbar. Face aux propos acérés des deux avocates des parties civiles, Me Anne Bazela et Me Iwona Parafiniuk, René F. baisse la tête. Face aux réquisitions (cinq ans de prison avec mandat de dépôt) de la procureure qui rassemble contre lui tout le faisceau des présomptions, il baisse encore la tête. Et c'est sans révolte qu'il entend le prononcé de la peine : quatre ans sans mandat de dépôt
http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/09/27/quatre-ans-pour-le-beau-pere.shtml

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