vendredi 3 février 2012

15 ans de prison pour Hakim Azrague

« Aux deux questions posées, à une majorité absolue de six voix au moins, les jurés ont répondu oui. » Hier, 17 heures, cour d'assises du Tarn à Albi. D'une voix sévère, Corinne Chassagne, la présidente, énonce le verdict. Hakim Azrague est condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Le jury a jugé que ce Castrais de 27 ans a bien tenté d'assassiner Abdelkader Remil, blessé de deux balles le 12 novembre 2009, dans le quartier d'Aillot à Castres. Supérieure aux 12 ans requis par l'avocat général, la peine a été accueillie par des clameurs hostiles émanant des dizaines de proches et amis de l'accusé présents dans la salle : « C'est ça la justice ? Ce n'est pas juste. » « Ne manifestez pas ou je fais évacuer », lance alors la présidente. Un bras vengeur dans l'assistance se lève en direction d'Abdelkader Remil, prostré sur un banc au premier rang, réconforté et soutenu de son côté par sa nièce de vingt ans. Hakim Azrague depuis le box des accusés s'adresse à la victime : « Quinze piges ! Tu te rends compte ! » Par précaution, les policiers font sortir Abdelkader par une porte dérobée.

«Certainement un appel»

Ce procès s'achève dans la même ambiance tendue que pendant cette semaine de débats. Les déclarations d'Hakim Azrague, qui nie être l'auteur des coups de feux, les témoins du départ qui se rétractent tous, les plaidoiries de ses deux avocats n'auront pas suffi à emporter la conviction du jury. « Parti en éclats, le dossier est réduit à l'état de chapelure. Il n'y a plus de témoins. Il n'y a pas d'éléments matériels. C'est parole contre parole. Les jurés ont donné plus de poids à une parole qu'à une autre », constatent Me Jean-Philippe Lagrange et Me Kamel Benamghar, qui ont accueilli ce verdict « avec beaucoup de déception. Nous allons certainement faire appel. »
Les jurés ont entendu plutôt Me Hervé Rénier, partie civile pour la victime ainsi que l'avocat général, pour qui « l'accusé tente de nier des évidences. Ce n'est jamais bon. » Et le ministère public de rappeler que le père de famille victime des coups de feux, « blessé sous les yeux de ses propres enfants, a failli perdre la vie pour un motif futile de vente de voiture, dans un conflit dont il n'était même pas partie prenante mais où il s'était interposé. La victime et aussi l'accusé ont de la chance que cet homme robuste n'ait pas été tué. »
Les deux parties en tout cas pourront connaître exactement le raisonnement du jury. En vertu de la nouvelle loi entrée en vigueur cette année, c'est dans le Tarn le premier procès d'assises qui devra être motivé.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/01/28/1271559-15-ans-de-prison-pour-hakim-azrague.html

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