mardi 15 avril 2014

Manuela Gonzalez, une vie de double veuve passée au crible

Manuela Gonzalez est-elle une veuve noire ? Dans le box des accusés de la cour d’assises de l’Isère, cette femme de 53 ans doit en tout cas répondre d’une tentative d’assassinat et de l’assassinat de son mari, mort le 31 octobre 2008.
« Manuela Gonzalez, veuve Cano ». C’est ainsi que s’est présentée l’accusée, hier matin, dans le box de la cour d’assises de l’Isère. Une femme de 53 ans en chemisier blanc, foulard rose autour du cou, lunettes à monture rouge sur le nez et deux barrettes brillantes dans ses longs cheveux bruns. Une femme en détention provisoire depuis « quatre ans et 19 jours », comme l’a rappelé son avocat Me Ronald Gallo, qui doit répondre jusqu’à vendredi d’une tentative d’assassinat et de l’assassinat de son mari.
Le 31 octobre 2008, Daniel Cano, 58 ans, avait en effet été découvert mort, sur la banquette arrière de sa voiture en feu, en bordure d’un champ, à Villard-Bonnot (Isère).
L’accusée, « jetée à l’opinion publique comme qualifiée de veuve noire », selon Me Gallo, conteste les faits. « Je continue à dire que je suis innocente et on en fera la démonstration », a-t-elle lancé en début de journée.

Pour de l’argent ?

Selon l’accusation, Manuela Gonzalez, acculée par les échéances de ses crédits à la consommation et son addiction au jeu, aurait tué son époux pour l’argent. Celui d’une assurance-vie et d’un crédit hypothécaire soldé avec la mort de l’un des conjoints.
Hier, il n’a pas été question des faits. Mais de la vie de la quinquagénaire dont un enquêteur de personnalité a souligné « l’aplomb, la maîtrise et la capacité à tenir un discours lisse et vide d’affect ». Une vie marquée, outre celle de Daniel Cano, par la mort de deux conjoints dans des circonstances particulières – l’un asphyxié par les gaz d’échappement de sa voiture dans son garage après avoir avalé des médicaments, l’autre dans l’incendie d’une partie de la maison du couple, également après avoir ingéré des médicaments – et le coma de deux autres hommes ayant partagé sa vie. « On la juge sur des faits précis, pas sur des faits prescrits », s’est insurgé Me Gallo qui a rappelé que sa cliente avait été condamnée pour vol avec violence pour l’une des affaires et mise hors de cause pour les autres. Le premier de ces événements avait concerné le premier mari de Manuela Gonzalez, tombé dans le coma pendant trois mois en 1983 à la suite « d’un rétrécissement de l’œsophage dont on ignorait l’origine » et qui a certifié à la barre hier « ne jamais avoir eu l’intention de se suicider ». L’homme de 61 ans a refusé de donner son sentiment sur les accusations qui visent la mère de sa fille. « C’est personnel, je le garderai pour moi, a-t-il soufflé. Je n’éprouve rien, si ce n’est de la compassion pour son état », a-t-il ajouté. Plus tôt, quand on lui avait demandé de parler de la propension de son ex-femme au mensonge, il avait glissé : « Pour elle, mentir, c’est se débarrasser d’un problème ».
Aujourd’hui, la cour d’assises de l’Isère doit débuter l’examen des faits. Le verdict est attendu vendredi.

http://www.ledauphine.com/faits-divers

Aucun commentaire: