mercredi 16 avril 2014

Oscar Pistorius : forcé de regarder la photo de sa petite amie morte, il n'avoue rien

Le procureur sud-africain Gerrie Nel a mis fin mardi à cinq jours d'interrogatoire brutal d'Oscar Pistorius sans rien lui faire avouer : le champion a endossé la responsabilité pour "ce qui s'est passé" mais refusé d'admettre toute intention de tuer sa petite amie en 2013.
"Vous vous êtes armé dans l'intention de la tuer et c'est ce que vous avez fait", a dit le procureur, en conclusion d'un marathon de questions, interrompu seulement par les crises de larmes de l'athlète handicapé, au supplice face à son accusateur. 
  • Des brèches dans la défense
Le procureur n'a cependant pas réussi à mettre en évidence des faits objectifs irréfutables sur la dispute à l'origine du meurtre selon lui, ni ses raisons. "Elle voulait s'en aller et vous n'étiez pas en train de dormir, vous étiez tous les deux réveillés", a-t-il notamment affirmé.
 
"Gerrie Nel a commencé son interrogatoire en forçant Pistorius à regarder la photo ensanglantée de sa victime, la tête éclatée "comme une pastèque".  


En revanche, au fil de son examen, il a ouvert des brèches dans la défense de Pistorius, pointant des omissions ou des contradictions et souligné deux éléments importants à charge : le tempérament querelleur du sportif, soucieux à l'excès de sa réputation voire abusant de sa célébrité, et son obstination à n'être jamais coupable. 
Donnant l'impression de retourner le couteau dans la plaie pour briser les défenses psychologiques de l'accusé, Gerrie Nel avait commencé son interrogatoire en forçant Pistorius mercredi à regarder la photo ensanglantée de sa victime, la tête éclatée "comme une pastèque".
 

  • "Des trous de mémoire sélectifs"
Gerrie Nel s'est ensuite acharné, reposant sans cesse les mêmes questions, accusant Pistorius de choisir ses mots, d'être évasif, d'avoir des trous de mémoire sélectifs, de pleurer pour éviter les questions qui gênent. 
"Je pense qu'aujourd'hui est un bon jour pour te dire cela : je t'aime."  
Revenant encore brièvement à la barre à la demande de son avocat Barry Roux, Pistorius a lu devant la cour la carte de Saint-Valentin que lui avait écrite Reeva Steenkamp. 
D'une voix cassée, l'accusé a dépeint la carte, puis a dit : "Elle a écrit la date sur la gauche, et elle a noté "Je pense qu'aujourd'hui est un bon jour pour te dire cela: je t'aime".
Le calendrier du procès, initialement prévu du 3 au 20 mars, a déjà largement débordé. Il devrait être encore être suspendu pendant deux semaines pour reprendre du 5 mai au 16 mai.
Deux lignes de défense ?
Oscar Pistorius a-t-il présenté deux lignes de défenses ? C'est l'analyse des observateurs. David Dadic, un avocat pénal, a estimé pour sa part que Gerrie Nel avait bien manoeuvré : "Pour l'essentiel il a fait un boulot parfait (...) et a réussi à faire apparaître les versions conflictuelles d'Oscar au point qu'à un moment, Oscar a paru avoir deux lignes de défense différentes ce qui n'est pas permis par la loi". 
 

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