lundi 14 avril 2014

Pistorius, entre larmes, crises de nerfs et chuchotements face au procureur

La confrontation entre le champion paralympique, jugé pour le meurtre de sa petite amie, et Gerrie Nel se poursuivait, lundi, au même rythme que les jours précédents. Avec un athlète parlant d'une voix si faible que la juge a dû le réprimander.

Un silence, suivi d'un sanglot. "Je n'ai pas tiré sur Reeva", lance Oscar Pistorius à l'attention du procureur qui venait de lui demander : "Pourquoi devenez-vous émotif maintenant?" Une scène qui a contraint Gerrie Nel a demandé une suspension d'audience. Depuis mercredi dernier et le début du contre-interrogatoire du champion paralympique, les interruptions sont nombreuses, l'athlète fondant en larmes à plusieurs reprises.
Lundi, le jeune homme de 27 ans, jugé pour le meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp, a de nouveau défendu sa version, s'exprimant d'une toute petite voix qui lui a valu d'être réprimandé par la juge. Il a répété ce qu'il avait crié à ce qu'il pensait être un cambrioleur.  "Tu dégages de ma putain de maison!", a-t-il glapi à la barre comme revivant cette nuit dramatique de Saint-Valentin 2013, banalement commencée par un dîner autour d'un sauté de poulet, quelques coups de fil et un couple qui s'endort fatigué selon Pistorius. Cette version accidentelle ne convainc pas du tout le procureur. Elle "est si improbable qu'elle ne peut raisonnablement pas être vraie", a-t-il déclaré.
Un claquement de porte qui pourrait coûter cher
Gerrie Nel a questionné la raison de la présence par terre du jean de la victime, Reeva Steenkamp, alors qu'elle était une jeune femme "très ordonnée".  "Sa voiture était en bazar mais sa chambre très bien tenue", a admis Pistorius. Pourquoi alors le jean de la victime traînait-il hors de son sac impeccablement rangé?    Et pourquoi les claquettes de Reeva apparaissent sur les photos de la police à l'opposé du côté du lit où elle a dormi ? "Elle voulait s'en aller et vous n'étiez pas en train de dormir, vous étiez tous les deux réveillés", a affirmé le procureur. "C'est inexact, madame le juge, ce n'est pas vrai", a répondu le jeune homme. "Et il y a eu une dispute", a ajouté le procureur qui s'est attardé sur un détail qui pourrait remettre en cause les propos de l'athlète.
Brusquement, Gerrie Nel a interrompu Oscar Pistorius dans son récit : "Mais est-ce que vous n'oubliez pas quelque chose de très important. La porte (du WC) a claqué ?". Comme l'athlète rétorque que cette porte a claqué quand il avançait dans le couloir de la salle de bains, Gerrie Nel lui a demandé pourquoi "ce bruit si important" n'était pas mentionné dans la toute première déposition lue par les avocats de Pistorius en 2013. "Il n'y a pas un seul mot sur cette porte en train de se fermer et de claquer dans votre déposition pour la remise en liberté sous caution", a-t-il insisté.  "Je ne sais pas. Demandez à mes avocats", a objecté Pistorius.   "Mais pourquoi? Je ne vais pas me contenter d'un je-ne-sais-pas", a enchaîné le procureur. "Je vous le dis, monsieur, c'est parce que vous changez votre version au fur et à mesure".
"Je m'en veux d'avoir pris la vie de Reeva"
S'en est suivi une nouvelle salve de questions pour établir s'il y a eu intention homicide.  Mais le champion double amputé nie. Non, il n'a "pas étendu le bras droit" avant de tirer sur la porte des WC où se trouvait son amie Reeva sans qu'il le sache. Il "essayait de comprendre la situation". Non, il n'a "pas visé la porte", c'est "son arme qui était pointée sur la porte".  "Avez-vous tiré sur ce que vous perceviez être un attaquant?", l'a encore interrogé encore le procureur. "Non j'ai tiré sur la porte", répond Pistorius, refusant obstinément de dire qu'il a tiré pour tuer. 
"Donc votre ligne de défense a changé. Ce n'est plus la légitime défense ?", s'étonne le procureur, qui ajoute: "Même si c'était un cambrioleur, cela aurait été un accident ?"  "Oui", a répondu Pistorius, écarlate lorsqu'il a ajouté: "Je m'en veux d'avoir pris la vie de Reeva". Barry Roux, l'avocat du sportif, n'est intervenu que brièvement pour se plaindre de l'acharnement du procureur à reposer les mêmes questions.  Nul ne sait quand le procureur en aura fini avec cette confrontation brutale avec Pistorius. Ce dernier peut compter sur le soutien d'anonymes qui depuis plusieurs jours se relaient au tribunal, l'attendant avec des ballons siglés "Oscar" ou "Love".
 

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