samedi 12 juillet 2014

Bagarre sanglante à Saint-Girons

Dans son box, Morad est au bord des larmes. Cet homme de 48 ans, jugé en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Foix, sait qu'il a commis «un geste très grave», qu'il a eu «une réaction démesurée» lorsque, dans la nuit du 2 au 3 juillet, à Saint-Girons, il s'est saisi d'un couteau et a coupé une oreille à l'homme avec qui il se bagarrait.
«Mais j'étais dans un état second. Depuis les faits (il a fait l'objet d'une hospitalisation d'office pendant trois jours, N.D.L.R.), j'ai repensé à tout ça. J'ai pu avoir des images de notre conversation avec Max (la victime, toujours en soins intensifs, N.D.L.R.) à propos de ses actes pédophiles. Je souhaitais qu'il s'en aille, on s'est battu, il m'a attrapé au cou. Je fais de l'asthme donc je me suis défendu avec le premier objet qui m'est tombé sous la main. Mais mon geste est inexcusable», explique-t-il à la barre, juste avant que le tribunal n'aille délibérer sur son sort.
Car Morad n'a pas été jugé, hier. Il a demandé un délai afin que Me Trespeuch, son avocate, prépare sa défense. Alors, d'ici son procès, fixé au 5 août, que doit-il devenir ? La prison, comme le réclame le procureur de la République de Foix, Olivier Caracotch ? Ou la liberté mais avec un contrôle judiciaire aux obligations très strictes comme le plaide son avocate ?
«Je demande le maintien en détention au seul motif du risque de réitération des faits», lance le magistrat du ministère public. Olivier Caracotch en convient : Morad n'a jamais été condamné pour des faits de violences. «Mais là, les faits ont une gravité certaine et un passage à l'acte d'une soudaineté telle qu'on peut craindre qu'il recommence dans des circonstances identiques», détaille-t-il en rappelant qu'au moment des faits, le prévenu et sa victime avaient beaucoup bu, et que Morad rencontre depuis longtemps des difficultés psychiatriques.
«J'entends les craintes du ministère public. Mais malgré les troubles du prévenu, l'expert conclut qu'il n'y a pas de dangerosité marquée. Depuis 2012, il n'est plus à l'hôpital mais dans un groupe de parole qu'il suit régulièrement. Donc s'il y a une injonction de soins, peut-être que son médecin adoptera le traitement qui lui évitera de recommencer», estime Me Trespeuch en demandant «vivement un contrôle judiciaire extrêmement strict».
Accordé par le tribunal qui ordonne donc le placement sous contrôle judiciaire de Morad avec les obligations de suivre des soins psychiatriques, soit au centre hospitalier Ariège Couserans (Chac), soit au centre médico-psychologique (CMP), et d'aller «pointer» à la gendarmerie une fois par semaine ; et les interdictions de fréquenter les débits de boissons, d'entrer en contact avec la victime, et de détenir ou de porter une arme.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/07/12/1917505-bagarre-sanglante-a-saint-girons.html

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