jeudi 17 juillet 2014

Ils se battaient à coups de bâton pour cueillir les cèpes en premier

Depuis quelques saisons déjà, la cueillette des champignons relève de la guerre au fond des bois. Le couteau et le bâton ne sont plus les habituels attributs du cueilleur de champignons. Comme le suggère avec humour Jean-Luc Puyo, vice-procureur, il faut désormais porter «le casque lourd et le gilet pare-balles».
Le juillet dernier, à Mun, ce sont deux «vieux soldats» — âgées respectivement de 71 et 62 ans — qui ont joué à la guerre des champignons. En préambule des hostilités, rappelons que suite à de nombreux problèmes, une association a été créée afin de réglementer la cueillette. On ne peut notamment pas ramasser des champignons si on n'est pas propriétaire d'au moins 2 hectares.
Ce jour-là, quand Marcel voit Rocco — qu'il connaît bien — sur son terrain en train de cueillir des cèpes, il l'interpelle. Il lui indique avec véhémence qu'il n'a rien à faire là, qu'il ne possède pas la carte d'accès à ces parcelles. Le ton monte vite entre les deux.
Marcel, le premier, donne un coup de bâton à Rocco. La riposte est immédiate. Avec un bâton de ski, Rocco frappe à son tour Marcel. «Je n'ai fait que me défendre», estime Rocco. La présidente Gadoullet lui rétorque que sa riposte a été disproportionnée à l'attaque. Et elle demande aux deux : «Vous croyez que c'est de votre âge de vous battre de la sorte» ?
Marcel souligne qu'il était «chez lui, que le chien de Rocco le mordait et qu'il l'a menacé avec son couteau». Rocco martèle qu'il n'a fait que se défendre. Son avocate, Me Chevallier, plaide la légitime défense et demande la relaxe. Me Sanz, conseil de Marcel, explique que c'est son client qui a été le plus durement blessé, alors qu'il est le seul à être poursuivi pour violences avec arme, le bâton en l'occurrence. Il demande et obtient la requalification des faits en violence simple. Le tribunal refuse la légitime défense à Rocco, compte tenu de sa réponse disproportionnée. Ils sont tous les deux condamnés à 1.500 € dont 1.200 € avec sursis et exactement aux mêmes sommes en leur qualité de victimes.
(1) Les prénoms ont été changés

http://newsletter.ladepeche.fr/Go/index.cfm?WL=29677&WS=291720_2501986&WA=5731

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