jeudi 28 août 2014

Le voisin infernal sous les verrous

« OUI, ÇA A ÉTÉ LOIN, vraiment très loin », reconnaît le prévenu lui-même. Depuis son placement en détention provisoire, le 17 juillet dernier (ER du 18/07/2014), les riverains du 20 au 24 de la rue de la Corvée, entre les quartiers des Cras et de Palente à Besançon , respirent. Depuis son emménagement au 24B en 2008, ce trentenaire en curatelle renforcée n’a cessé de « pourrir la vie de ses voisins car il n’y a pas d’autres mots » comme l’a souligné le procureur. Les nuisances sont allées crescendo ces deux dernières années (lire notre édition du 20 juin). Avec pas moins de 14 interventions de la police à son domicile depuis février dernier.

« Je ne voulais pas les tuer, je pense »

Et ce point culminant, le 15 juillet dernier, lorsqu’il s’est présenté avec un canif et un couteau de boucher au domicile d’un voisin aux cris de « je vais tous vous buter ». Ceci parce que la voisine avait alerté les policiers après lui avoir demandé en vain de baisser la musique qu’il faisait comme à son habitude hurler à tue-tête.
Certes il était ivre. Mais une fois dégrisé, il a déclaré aux policiers : « Je voulais leur faire peur, je ne voulais pas les tuer je pense. »

« Vivre au calme et ne plus avoir peur »

Des propos des plus inquiétants qui s’expliquent aussi par la schizophrénie paranoïde diagnostiquée chez lui par les experts psychiatres. Une pathologie que sa consommation forcenée de cannabis, d’héroïne et d’alcool n’a fait qu’aggraver. Ceci malgré un traitement à base de psychotropes qu’il dit prendre avec régularité, lors de ces journées qu’il passe « à regarder des films, jouer aux jeux vidéos et écouter de la musique chez moi ». Sans oublier de jouer les Attila pour les nerfs du voisinage.
Des voisins qui se sont succédé hier à la barre du tribunal. Aucun ne demandant de dédommagements. Chacun réclamant seulement « de vivre au calme et de ne plus avoir peur. »
« Je ne pouvais plus recevoir mes petits-enfants », témoignera cette grand-mère. « Quand il mettait sa musique à fond, la table de mon salon tremblait. »
« Notre fille nous interroge tous les soirs :’’Est-ce qu’il va ressortir ? Qu’est-ce qu’on va devenir ? “», indiquera ce père de famille.

10 mois ferme

La défense, assurée par Me Pétament, ayant estimé que le prévenu « relève d’avantage du domaine médical que du pénal puisque plus on avance dans le temps, plus sa pathologie s’accentue », le tribunal a suivi les réquisitions du parquet en infligeant 10 mois ferme sous la forme de 6 mois de sursis révoqués et 8 mois dont 4 avec sursis et mise à l’épreuve. À sa sortie de prison, outre une obligation de soins, il lui sera interdit d’entrer en contact avec ses futurs anciens voisins. Sa curatrice devant en effet mettre à profit la période d’incarcération de l’intéressé pour résilier son bail rue de la Corvée.

http://www.estrepublicain.fr/doubs/2014/08/28/le-voisin-infernal-sous-les-verrous

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