vendredi 22 août 2014

Un Montbéliardais de 45 ans écope de 5 ans de prison pour avoir agressé violemment la mère de son fils.

Manipulateur. Le mot revient inlassablement dans les débats pour qualifier la personnalité de Nestor, que ses conquêtes connaissent davantage sous le prénom de Georges. Un don Juan qui collectionne les aventures, égrenant dans son sillage six enfants. « Vous ne semblez pas toujours laisser de bons souvenirs à vos ex », euphémise le président Troilo à la lumière du dossier et des témoignages recueillis.
Avant de fondre en larmes à l’évocation des faits, la plaignante pose le décor. « On s’est rencontré le 20 janvier 2006. Quelques semaines plus tard, je suis tombée enceinte. Il m’a alors laissé tomber. » Neuf mois plus tard, un petit garçon naît. Ses parents entretiennent alors de singulières relations, faites de séparations et de sporadiques chaudes retrouvailles ou le sexe prime sur les sentiments. Comme en atteste la nature de leurs SMS.

« On est à la limite de la barbarie »

Le prénommé Nestor assure qu’il voulait couper les ponts avec la dame mais que ce 10 juillet 2013, il croulait sous ses appels. « J’ai cru qu’il y avait un problème avec l’enfant, comme il y en avait eu un, quinze jours plus tôt, et je suis venu », dit-il. La suite bascule dans un autre registre : « Cela fait vingt-trois ans que je suis magistrat mais c’est la première fois que je vois cela. On est à la limite de l’acte de barbarie… », enchaîne le président.
Le père vient récupérer le gamin, à Sochaux, le couche sur la banquette arrière de sa voiture et remonte dans l’appartement, laissant le petit garçon seul, plus d’une heure. Pendant ce temps, l’orage gronde dans le logement. L’homme découpe les nuisettes de la dame, lui reprochant une vie dissolue. Au passage, il la taxe de noms orduriers. Il brise des verres, sort une tondeuse et lui rase la moitié du crâne avant de lui imposer une relation sexuelle. Ensuite, il reprend la tondeuse et… rase le reste de la chevelure.
« Violer, c’est beaucoup dire », soupire le prévenu qui, posément, raconte une histoire ne correspondant pas à celle qu’il avait narrée aux policiers lors de son interpellation. Il minimise. La tondeuse ? « Je l’avais par inadvertance dans ma poche parce que j’avais coupé les cheveux de mon beau-père l’après-midi. » Il s’empêtre dans des explications emberlificotées et des contradictions devant lesquelles les magistrats le placent. Stoïque, il finit par lâcher : « Peut-être qu’elle n’était pas consentante à 100 %. »
Me Eric Muller, l’avocat de la plaignante, se demande à quoi peut ressembler cet homme quand il se met en colère. Lui qui, tout au long de l’instruction, comme devant le tribunal, hier, n’a montré qu’un visage calme, usant d’un vocabulaire châtié.
Le procureur parle de « mépris de la femme […], d’instrumentalisation, de dénigrement » et rappelle que le ministère public souhaitait un renvoi devant la cour d’assises. « Il aurait alors encouru vingt ans. Ici (N.D.L.R. : en correctionnel), le maximum, c’est sept ans. C’est ce que je requiers. »

« Ce n’est pas une infraction que de se comporter comme un salaud avec une femme… »

Me Valérie Chassard, l’avocate de la défense, fait valoir que si les violences concernant la tonte des cheveux sont indéniables, l’agression sexuelle est plus discutable. Elle indique qu’aucune marque de contrainte n’a été relevée sur le corps de la plaignante. Elle fustige aussi l’attitude du parquet qui forge ses réquisitions sur de précédentes procédures pourtant classées sans suite. « Si le parquet avait estimé qu’il y avait matière à poursuivre, il ouvrait une information. S’il ne l’a pas fait, c’est que ce n’était pas crédible… » Elle admet que son client ne renvoie pas forcément une image très favorable mais elle lance : « Que je sache, ce n’est pas encore une infraction pénale que de se comporter comme un salaud avec une femme… »
Le tribunal a condamné le Montbéliardais de 45 ans à 5 ans de prison et cinq années supplémentaires de suivi sociojudiciaire à l’issue. Il est inscrit pour vingt ans sur le fichier national des délinquants sexuels et, enfin, il devra verser 8 500 € à sa victime.

http://www.estrepublicain.fr/faits-divers/2014/08/21/sochaux-tondue-et-violee-par-son-ex

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