vendredi 31 octobre 2014

Procès de l'assassinat de Jean-Ronald D'Haity : «Nous sommes dans le dossier de la bêtise et de la lâcheté»

Depuis le début du procès de l'assassinat de Jean-Ronald D'Haity, les accusés ont une mémoire sélective. Hier matin, Mathias Pavot l'a de nouveau démontré, à la cour.
Comme Vincent Tournadre, Mathias Pavot a expliqué, hier matin, à la barre, que Morad Laanizi est venu le chercher le 8 mai 2010 à son domicile car «une bagarre générale allait avoir lieu». Se sentant menacé, «Si tu ne viens pas, ça va mal se passer pour toi», Mathias Pavot a décidé de le suivre «sous la pression» et insiste sur le fait qu'il n'est pas monté dans l'appartement de Taoufik Laanizi qu'il qualifie comme «le chef du groupe». Comme l'ont fait précédemment, les autres accusés, il décrit des personnes encagoulées qu'il ne reconnaît pas. Il explique ensuite être resté «seul» sur la place Foch et ne pas être rentré dans l'immeuble de Jean-Ronald D'Haity. «Je n'ai pas mis un pied dans l'appartement. Je ne peux pas vous donner d'informations sur ce qui s'est passé car je n'y étais pas». Des prélèvements ont pourtant mis en évidence son profil génétique dans trois mélanges d'ADN, sur un pan de rideau, sur la porte de la chambre et sur la porte d'entrée de l'appartement. Un expert de l'ADN sera entendu, mercredi prochain, et apportera des éclairages sur ces mélanges complexes.

«On m'a fait comprendre qu'il fallait que je ferme ma bouche»

Ensuite, Mathias Pavot dit avoir suivi le groupe qui était redescendu en courant de l'appartement. «J'ai aperçu une personne au sol prendre des coups de pied et de poing. La ruelle était sombre, je n'ai pas vu qui donnait les coups et j'ai entendu “Arrête tu vas le tuer”. J'ai pris peur, je suis rentré chez moi et j'ai fumé un joint. Puis, j'ai appelé Morad Laanizi que j'ai retrouvé à Malhourtet pour savoir ce qui s'était passé. Il y avait aussi son frère, Vincent Tournadre et Abdel-Malik Taghouzi. On m'a dit qu'il ne s'était rien passé et on m'a fait comprendre qu'il fallait que je ferme ma bouche. Jamila, la sœur des frères Laanizi, est intervenue et je suis rentré chez moi». Par ailleurs, Mathias Pavot a précisé ne pas avoir entendu Morad Laanizi se vanter d'avoir mis les coups de couteau, comme l'ont stipulé dernièrement certains accusés.
Hier, Régis Cayrol, le président de la cour a souligné, «Nous sommes dans le dossier de la bêtise et de la lâcheté. À terme, je ne suis pas sûr que la cour et le jury aient les moyens de dire qui a fait quoi étant donné l'attitude des gens en face de moi». La mémoire sélective des accusés commencerait-elle a irrité les jurés et les magistrats ?
Mathias Pavot a terminé son témoignage en disant, «Sans ma présence, les choses se seraient passées de la même manière».
Aujourd'hui, il n'y a pas d'audience car une conférence nationale des avocats se tient à Montpellier. Les débats reprendront mardi 4 novembre, à 9 heures. Un médecin légiste participera aux débats.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/31/1982484-regis-cayrol-sommes-dossier-betise-lachete.html

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