samedi 18 octobre 2014

Trafic de drogue en Charente-Maritime : 20 personnes condamnées

Des peines de prison ferme sont tombées, vendredi après-midi, au tribunal correctionnel de Saintes présidé par Olivier Lalande. Celui considéré comme la tête de pont d'un trafic de drogue, Julien Mabire, a été condamné à quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à l'audience. Dans ce dossier, les casiers déjà chargés des protagonistes ont fortement pesé. Les peines vont de cinq ans de prison ferme à six mois de prison avec sursis, selon le rôle de chacun et le poids de la récidive.
Vingt personnes se sont donc retrouvées, pendant deux jours, sur le banc des accusés, à Saintes, pour un trafic de stupéfiants, essentiellement de l'héroïne, dans le sud du département, de Saintes à Jonzac, en passant par Pons et Gémozac entre décembre 2012 et octobre 2013. Le procureur de la République, Mélanie Tempia, a parlé d'un trafic de six kilos d'héroïne, 220 grammes de cocaïne et 200 grammes de cannabis, pour une valeur marchande de 283 000 euros. « Sans compter tout ce qui n'a pas été découvert. »

Renseignement anonyme

Cette belle prise intervient à un moment où la sous-préfète de Saintes, Michèle Cazanove, veut mettre l'accent sur la lutte contre les deals et la culture de cannabis. « Je souhaite qu'on sévisse aussi au niveau de la consommation », prévenait-elle au début du mois. La présence du procureur de Saintes, Philippe Coindeau, au moment où les peines ont été prononcées, vendredi, en dit long sur la motivation du parquet.
L'enquête a démarré à partir d'un simple renseignement anonyme : une personne craignant pour la santé de son ami tombé dans la drogue. Pendant plusieurs mois, les enquêteurs ont fait de la surveillance, de l'interception téléphonique, des recoupements. Ils ont ainsi pu remonter le réseau. Pas jusqu'aux gros bonnets, diront les avocats de la défense.
On est face à des pauvres gens qui, pour consommer, ont besoin de vendre…
L'ombre d'un certain « W » ou « Renoi » planant sur le procès. Pour certains accusés, c'est lui qui tirait les ficelles. Julien Mabire, qui a déjà fait de la prison dans cette affaire, s'est d'ailleurs plaint d'avoir reçu « un coup de couteau dans la tête » à la maison d'arrêt pour l'empêcher de parler. Il pointe du doigt le fameux « W ». « C'est lui, le fournisseur, dans la région », accuse-t-il.
En attendant, c'est bien lui que les enquêteurs ont désigné comme la plaque tournante locale du trafic. « Le tour de “W” viendra », a promis le procureur de la République, qui a dressé un parcours type du petit revendeur. « Les trafiquants profitent de la misère pour s'enrichir. Il existe toute une économie souterraine basée sur la pauvreté. En bas de l'échelle, c'est un cercle vicieux. Pour se procurer sa dose, on commence à commettre des infractions. Soit en devenant revendeur, soit en volant. »
Il est vrai que, dans le box des accusés, ne figuraient pas de cols blancs. Et, apparemment, aucun signe extérieur de richesse. Pour l'un des avocats de la défense, les enquêteurs se sont trompés de cibles. « On est face à un trafic de campagne. Mon client endosse un costume trop grand pour lui. On est face à des pauvres gens qui, pour consommer, ont besoin de vendre… »

"Pas un commerce entre amis mais un trafic"

Ce qui n'est pas l'avis du parquet. « On ne parle pas d'un commerce entre amis, mais bien d'un trafic », a insisté Mélanie Tempia, en faisant remarquer le nombre important de scellés. Parmi ceux-ci, des balances de pesée, des armes de poing. « Julien Mabire allait notamment se fournir en cocaïne chez Nassim Kedach, un ami d'enfance, à Rouen, et en héroïne auprès d'une femme, Magalie Clairvoyant. » Le premier a écopé de deux ans de prison et la seconde, qui a nié son implication tout au long du procès, de trois ans de prison avec un mandat d'arrêt délivré à son encontre.
Finalement, parmi les vingt accusés, neuf ont écopé de peines de prison ferme, huit de peines mixtes et trois s'en sortent avec uniquement du sursis.

http://www.sudouest.fr/2014/10/18/la-prison-pour-les-trafiquants-1708351-1368.php

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