mercredi 29 octobre 2014

Tribunal de Perpignan : il a 31 ans, sa compagne en a 17, il la bat, elle veut faire sa vie avec lui

Une relation conjugale difficile entre un homme et une mineure a interpellé le tribunal.
Les affaires de différends conjugaux sont légion au tribunal de Perpignan. Trop souvent encore, des femmes subissent les violences de leur compagnon. Mais en ce lundi, l’audience de comparution immédiate était différente. D’une part parce que la victime n’a pas déposé plainte, n’en veut pas à son concubin et déclare vouloir faire sa vie avec lui. D’autre part, étant donné l’âge des acteurs du dossier. Il a 31 ans, elle en a 17.
Ils vivent ensemble depuis trois ans. La jeune fille, considérée en fugue, est suivie par l’Enfance catalane. Ce sont d’ailleurs deux éducatrices qui ont averti les forces de l’ordre après avoir constaté une tuméfaction sur le visage de la mineure. L’homme est convoqué au commissariat, mais ne répond pas aux relances. Quand, suite à un appel de la jeune femme expliquant aux éducateurs qu’elle ne supporte plus sa vie avec lui, la police décide d’intervenir. L’homme tente de fuir après avoir copieusement insulté les envoyées de l’Enfance catalane. Il se débat comme un beau diable, au risque de faire chuter un fonctionnaire depuis le 4e étage.
Après deux renvois du procès, le concubin, parfaitement calmé, était présenté devant ses juges. Il reconnaît les insultes, avoue s’être débattu et, du bout des lèvres, admet des bousculades avec sa compagne. « Il y a une pression judiciaire à mon encontre, lâche-t-il, car j’ai un passé ». En partie civile, Me Madrenas est le conseil des deux éducatrices et de l’Enfance catalane. « C’est une relation d’emprise, martèle-t-il. Et qui dure depuis qu’elle a 13 ans ! Au vu et au su de tout le monde. Il va être condamné, mais cela va-t-il la protéger ? Il la retenait pour l’empêcher d’aller vers les éducatrices… Il le dit d’ailleurs sans ambages devant le tribunal ». « La police est intervenue car il y a eu un appel urgent. En se débattant, il a mis tout le monde en danger, renchérit Me Arpaillange, avocat des policiers. Et, se permettant une digression : « Au fait, il ne l’a pas frappée, mais mordue à la pommette… car elle n’avait pas fait la vaisselle ».
« Il se prend pour son tuteur, assène le procureur. C’est un manipulateur. Il faut les séparer. Suffisamment de mal a été fait, il faut limiter les dégâts ». Il demande 2 ans de prison dont 6 mois avec sursis et l’interdiction d’entrer en contact avec la victime.
« Tout part de cet hématome, contre-attaque Me Large. Mais il n’y a jamais eu d’intervention avant. Ce dossier est vide du danger que l’on vous annonce. En fait, seuls les politiques et les rockstars auraient le droit de vivre avec quelqu’un de plus jeune qu’eux… Elle a vécu dans la rue. Aujourd’hui elle a trouvé un homme qui l’a sortie de là. Et on veut lui interdire de voir la seule personne qui peut la protéger… ».
Le tribunal prononce une peine de 10 mois dont 6 assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve. Il devra travailler et faire l’objet de soins psychologiques. Il lui est interdit d’entrer en contact avec la jeune fille et il est maintenu en détention. « Car la jeune fille est mineure et qu’il y a eu des violences sur mineure », justifie le juge. Et, se tournant vers la jeune fille en pleurs : « La société doit vous protéger ».
http://www.lindependant.fr/2014/10/28/tribunal-de-perpignan-il-a-31-ans-sa-compagne-en-a-17-il-la-bat-elle-veut-faire-sa-vie-avec-lui,1948168.php

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