jeudi 18 décembre 2014

11 août 2012 : Andy Berthelemy improvise une virée dans le Douaisis. Il conduit et transporte cinq personnes. Il a bu, roule dangereusement et percute un arbre à Émerchicourt. Deux adolescents sont tués, les trois autres sont blessés. Mercredi, le tribunal correctionnel de Valenciennes l’a condamné à quatre ans de prison.
Deux ans et demi d’instruction. Une éternité pour les familles de Denis Baudry et Nasradine Goual, morts à 14 et 17 ans, le 11 août 2012, dans un violent accident de voiture à Émerchicourt. Attente insupportable aussi pour les trois autres passagers du véhicule.
Mercredi, au tribunal correctionnel de Valenciennes, les victimes et leurs proches attendent encore. Convoqués à 13 h 30, leur affaire est traitée quatre heures plus tard. C’est dans une salle pleine, surchargée d’émotion, que le conducteur, Andy Berthelemy, Bouchinois de 21 ans au moment des faits, comparait pour homicide et blessures involontaires.

« Je reconnais tout, sauf… »

La présidente du tribunal décrit son attitude dangereuse le jour des faits. L’alcool (0,67 g/l de sang), la vitesse (100 km/h en entrant dans Émerchicourt) et les dérapages avec le frein à main. « Je reconnais tout, sauf les dérapages. » Témoignages d’habitants de Rœulx – commune de Denis Baudry et Nasradine Goual – à l’appui, le tribunal met le jeune homme face à ses contradictions. « Cette dame-là m’en veut ! », tente-t-il d’argumenter en avançant la théorie du faux témoignage.
Dans la salle, les proches des victimes poussent des soupirs exaspérés. Les policiers réclament le silence, on ouvre les fenêtres de la salle d’audience pour faire redescendre la pression. La présidente du tribunal reprend : « Pourquoi continuer à prendre des passagers alors que la voiture est trop chargée ? »

Des vies brisées

Les proches des victimes sont invités à parler. La mère de Denis Baudry est brève. Puis la maman de Nasradine Goual raconte les derniers instants qu’elle a vécus avec son fils de 17 ans. « Je lui ai dit d’attacher sa ceinture, il m’a répondu : T’inquiète maman ! Il m’a souri et m’a fait un clin d’œil. » Trente minutes plus tard, on lui annonce par téléphone que son fils est mort. « On ne vit plus, on survit. »
La sœur d’une victime souffre aujourd’hui d’anorexie mentale. L’un des papa sombre dans l’alcoolisme et ne se nourrit que par sonde. L’autre est interné dans un établissement psychiatrique, vit dans une pièce de 9 m2 plongée dans le noir. Said Benhamel, le plus jeune des passagers, n’était qu’un enfant au moment de l’accident. Il lui faut des mois pour comprendre qu’il n’est pas responsable du drame. Très fragile, il n’a pas la force d’assister au procès.
La partie civile espère qu’Andy Berthelemy sera condamné à de la prison ferme. « Ça ne nous rendra pas nos fils », déclare la mère de Nasradine Goual. Le procureur de la République requiert quatre ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve et l’annulation du permis de conduire. Le tribunal a suivi ces réquisitions.
http://www.lavoixdunord.fr/region/accident-de-voiture-a-emerchicourt-en-2012-deux-morts-ia15b36966n2558525

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