jeudi 18 décembre 2014

Procès Roze : «Jérémy, je suis orphelin de toi»

Christian et Benjamin Roze, le père et le frère de Jérémy, se sont longuement adressés, hier, aux jurés de la cour d'assises de Haute-Garonne. Ils ont réclamé justice.
«Jérémy, je suis orphelin de toi». Christian Roze, le père de Jérémy, s'est exprimé, hier soir, pour la première fois dans le procès d'assises ouvert depuis mardi où trois personnes sont jugées, dont deux pour l'agression au couteau qui a coûté la vie de l'étudiant en pharmacie de 27 ans en février 2011.
Droit devant la barre des témoins, la parole forte parfois entrecoupée de sanglots, le père de famille a fait entrer l'émotion dans la salle d'audience. «Je voulais faire entendre la voix de mon fils, Jérémy, passé par la case morgue. Nous sommes tous détruits.»
À plusieurs reprises, Christian Roze se tourne vers les deux accusés, Hicham Ouakki, 22 ans, et Driss Arab, 24 ans. Il leur demande de le regarder dans les yeux lorsqu'il se souvient : «Le regard de mon fils Benjamin qui vient m'apprendre la mort de son frère.»
Les funérailles, la marche blanche, les messages de soutien venus des quatre coins du monde… Christian Roze témoigne des «marques d'incompréhension». «Dans l'actualité quotidienne ce qui me glace c'est que nous pouvons tous être des Jérémy Roze». Et de s'adresser aux deux coaccusés : «Messieurs, aujourd'hui, vous êtes seuls au monde.» La tête à peine levée, Ouakki replonge son regard sur ses chaussures qu'il ne quitte pas des yeux depuis le début du procès.
La tombe de Jérémy Roze, dans le Béarn, est tout ce qui reste de lui. «Avec ma femme, nous lui avions demandé de garder notre âme. Jérémy ne gardera rien», exprime-t-il dans un sanglot. La salle frémit, les gorges se nouent. Arab écoute, Ouakki semble ailleurs.
Benjamin Roze, son frère, a pris la parole quelques minutes auparavant. «Je suis là pour défendre Jérémy une dernière fois et le faire du mieux possible.» Le jeune homme, dans les traits duquel se reflète l'étudiant tué, ne baisse pas la garde. «Pour moi, c'était un modèle, un moteur. Aujourd'hui, c'est difficile de se projeter sans lui. Il laisse un grand vide, je n'ai plus de motivation et ça fait quatre ans que ça dure.»
Les fêtes de fin d'année arrivent. «Noël… c'est compliqué de savoir qu'on va voir son père et sa mère en larmes.»
Le témoignage de la mère de Ouakki, qui a assuré qu'elle aurait préféré qu'on lui annonce la mort de son fils, met hors de lui Benjamin : «Moi je l'ai annoncé à mes parents !»
Aux deux accusés : «Par le passé, la justice leur a tendu la main, ils l'ont refusée. Aujourd'hui, ils se retrouvent devant la cour des grands… Qu'ils arrêtent de se défiler. Il va falloir passer à l'acte.»
Et de s'adresser à la cour : «Je vous demande de transformer cette souffrance, cette douleur, en une peine.»
http://www.ladepeche.fr/article/2014/12/18/2014171-proces-roze-jeremy-je-suis-orphelin-de-toi.html

 

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