vendredi 30 janvier 2015

Bettencourt : que retenir de la première semaine du procès?

 

Le procès Bettencourt s’est ouvert sur un coup de théâtre lundi : l’annonce de la tentative de suicide de l’ancien infirmier de Liliane Bettencourt, Alain Thurin. La veille de l'audience où il devait être jugé pour "abus de faiblesse", l’homme de 64 ans a tenté d'attenter à ses jours en se pendant dans un bois près de son domicile, dans l'Essonne. Il est toujours à l’hopital dans un état grave.

"Il a été sir, mais c’est un faux frère"

Personnage centrale du procès Bettencourt, le photographe François-Marie Banier s’est raconté mercredi à la barre du tribunal de Bordeaux. "Dans ma vie, j'ai toujours travaillé, du matin au soir !", s’est exclamé le photographe pour se défendre. Devant les juges, l’homme de 67 ans a également dû s’expliquer sur les centaines de millions d’euros qu’il avait reçu de Liliane Bettencourt, rencontrée en 1987 : C'était de l'argent qu'il lui faisait plaisir de donner, ça lui procurait une grande joie!", a-t-il déclamé, sans rire.
Devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, François-Marie Banier s’est également essayé à des “mot d’esprits” volontaires. Décrivant Lindsay Owen-Jones, l’ex-patron de L’Oréal, François-Marie Banier s’est ecrié :"Il a été sir (prononcez "soeur"), mais c’est un faux frère." Quelques celébrités comme le directeur du Théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes, ont également défilé à la barre pour prendre sa défense : ”François-Marie est vif, drôle, intelligent, il apportait plutôt de l’oxygène et n’a rien d’un prédateur, Pierre Cardin, homme d’affaires et esprit de finesse mais aussi de géométrie, ne se serait pas entouré d’un homme dénué de sens moral”, a-t-il affirmé selon le compte-rendu du Monde. François-Marie Banier est poursuivi pour abus de faiblesse.

Les larmes de Patrice de Maistre

Ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre a fondu en larmes jeudi à plusieurs reprises à la barre du tribunal correctionnel de Bordeaux: en évoquant ses enfants, mais aussi Alain Thurin, ex-infirmier de Mme Bettencourt, qui a fait une tentative de suicide à la veille du procès.
Devant le tribunal, Patrice de Maistre a aussi raconté comment il a découvert progressivement les comptes cachés des Bettencourt : "Des comptes en Suisse depuis 50 ans", d'autres à Gibraltar, des achats discrets d’une île seychelloise, la possession d’un ranch aux États-Unis, ou encore beaucoup de tableaux. Patrice de Maistre est jugé pour "abus de faiblesse" et "blanchiment". En 2012, il a passé près de trois mois en détention provisoire.

Le court témoignage d’Eric Woerth

Eric Woerth, ancien ministre, a été également brièvement entendu jeudi – pendant moins de trente minutes –, dans un procès où il est également poursuivi pour "recel" d'une somme que lui aurait remise Patrice de Maistre alors qu'il était trésorier de l'UMP. Il a expliqué que Patrice de Maistre, membre du "premier cercle" des donateurs de l'UMP, avait aussi "contribué une fois" personnellement, et en toute transparence, à son association de financement électoral (1.500 euros, selon l'ex-ministre). Tout comme Liliane Bettencourt, "une fois" également. Il a par ailleurs évoqué ses relations a minima avec la famille Bettencourt.
Dans un volet distinct du tentaculaire dossier Bettencourt, Patrice de Maistre et Eric Woerth doivent être jugés en mars pour trafic d'influence. Le premier est soupçonné d'avoir fourni un travail à l'épouse du second dans la société Clymène, en échange d'une Légion d'Honneur, que lui remit le ministre.

Le portrait assassin de François-Marie Banier par Françoise Bettencourt-Meyers

Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de la multimilliardaire héritière de L'Oréal, partie civile au procès, a dressé vendredi un impitoyable portrait de François-Marie Banier, ancien confident de sa mère poursuivi à Bordeaux pour abus de faiblesse, un "escroc" qui brisa une famille pour mieux y régner. Liliane Bettencourt "était-elle sous emprise, sous influence, embobinée, ou les trois à la fois?", s'est interrogée sa fille vendredi, décrivant "la présence montée crescendo", à partir de 1993, du photographe dans la maison Bettencourt.  "La devise" de Banier, "ce n'était pas diviser pour régner, mais briser pour régner, briser toute une famille! Une destruction programmée", a tonné Françoise Bettencourt.

Les "plages de lucidité" de Liliane Bettencourt

Le degré de lucidité de Liliane Bettencourt au moment des dons ou actes controversés sera au coeur de la deuxième semaine de procès. Mais dès vendredi, ses petits-fils ont évoqué une grand-mère qui "n'était plus la même" depuis une chute en Espagne en 2006. "On peut dire qu'elle déraillait. Dès septembre 2006, c'est très clair, et après ça a été crescendo jusqu'à maintenant", a assuré Jean-Victor Meyers, 28 ans, fils ainé de Françoise Bettencourt Meyers et Jean-Pierre Meyers. Il se rappelle de "plages de lucidité" chez la vieille dame, mais s'interroge sur la possibilité d'être assez lucide pour signer le matin des "actes compliqués" et l'après-midi "ne plus savoir si on est chez soi ou que son mari est décédé..."
 

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