samedi 28 février 2015

AIN. La personnalité complexe d'une mère infanticide

Cour d’assises de l’Ain. Audrey Chabot, 34 ans, est jugée à partir de vendredi pour avoir tué ses deux bébés en 2011 et 2012 à Ambérieu. Elle avait déjà purgé huit ans de prison après la mort d’un autre nouveau-né, en 2002. Un procès à suivre au quotidien sur notre site, jusqu'au jour du verdict attendu le jeudi 5 mars.

Jour 1 : vendredi 27 février

16h45 : les deux visages d'Audrey Chabot
Il y avait deux Audrey Chabot selon tous ceux qui la côtoyaient. Ses employeurs dans le PMU ou au Spirit bar d'Ambérieu décrivent une jeune femme avenante, toujours souriante, extrêmement dynamique, ponctuelle, appréciée des clients. "C'était un tracteur" résume un témoin pour souligner l'énergie communicative de la serveuse. "Dans mon travail, je me sentais plus libre, c'était un exutoire pour moi" explique la jeune femme.
Mais dans sa vie privée, Audrey Chabot se révèle immature, incapable de gérer ses émotions et de s'assumer. A plusieurs reprises, elle évoque le "manque de confiance en soi" et la "honte" qui expliqueraient en partie ces grossesses cachées et non assumées. Sans pouvoir expliquer l'absence de prise de contraceptif, abandonné peu de temps après sa sortie de prison.
Dilapidant les 10 000 euros de son pécule à sa sortie de prison, elle pique dans la caisse du PMU, vole des chèques à son compagnon et "tape" régulièrement son meilleur ami pour acheter à manger.
Alors qu'elle devait suivre des soins psychologiques en sortant de prison, elle abandonne, n'en suit aucun et ment à sa conseillère d'insertion. De quoi susciter les remarques acerbes de l'avocat général qui lui reproche d'avoir "menti" et "trompé" la justice, des avis "très favorables" ayant été émis en prison pour sa libération anticipée. "Je voulais faire bonne figure auprès des éducateurs, j'avais une pression sur les épaules pour qu'on me redonne mon fils. Je ne l'avais que très peu revu depuis qu'il avait deux ans. Je ne voulais pas le décevoir" se défend l'accusée.
Son meilleur ami confirme à la barre la "personnalité double" d'Audrey Chabot : "son visage changeait brutalement, elle se murait, prenait peur."
Personne dans son entourage ne se doutait qu'elle avait été enceinte à deux reprises. Ni son compagnon ni son employeur qui a fourni aux gendarmes une vidéo. En tenue estivale, elle apparait avec seulement un léger embonpoint, un mois avant la naissance du premier bébé qu'elle a tué quelques jours après sa naissance. Après lui avoir donné un prénom, et même avoir envoyé son fils acheter des couches pour ce bébé censé être "celui d'une amie".

Depuis son incarcération il y a deux ans, l'accusée suit des soins psychologiques chaque semaine. "Je travaille sur moi, j'arrive maintenant à expliquer les choses. Je me sens le droit d'exister, de plus me laisser faire. Maintenant j'ai conscience que j'ai besoin de ça."
Audrey Chabot a également révélé sa décision de se faire "ligaturer les trompes" pour devenir stérile.

10h55 : Audrey Chabot, en pleurs, s'explique
Le procès d'Audrey Chabot s'est ouvert vendredi matin à 9 heures devant la cour d'assises de l'Ain. Petite et menue, cheveux blonds mi-longs, elle est entrée, tête baissée, dans le box des accusés. Très tendue, la gorge nouée, elle a écouté, les yeux dans le vague, le récit de la découverte des corps des deux bébés dans son congélateur, le 24 mars 2013 à Ambérieu.

La voix brouillée par les pleurs, elle a expliqué: «j'avais conscience d'être enceinte mais je faisais comme si de rien n'était. J'étais convaincue que mon compagnon ne voulait pas d'enfant. J'avais pris la pilule au début puis j'oubliais. Je me déshabillais rarement pendant les rapports sexuels. Je grossissais peu mais si on m'interrogeait je disais que je mangeais trop. Quand j'ai tué et congelé les bébés j'allais leur parler, ça me semblait important et je m'en voulais».
http://www.leprogres.fr/ain/2015/02/27/suivez-en-direct-le-proces-des-bebes-congeles

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