jeudi 26 février 2015

Condamné pour avoir giflé sa fille : audience mouvementée pour la nouvelle juge

Pour la deuxième audience de l'année du tribunal de police de Castelsarrasin, la nouvelle juge de proximité, Annie Gollot, qui remplace Claude Palermo-Chevillard depuis le 1er janvier, a poursuivi la découverte de sa nouvelle mission avec une pléiade d'affaires ne manquant pas de sel.

Il «terroriserait» son voisin

Assistée du greffier Régis Polloni et de l'officier du ministère public, le capitaine Christian Guilhaumon, la juge rappelait les faits d'un vieux contentieux entre deux sexagénaires de Bourg-de-visa qui en étaient venus aux mains, en mai dernier. Une affaire clochermerlesque qui allait prendre un plus d'épaisseur : René G., 69 ans, entendu comme victime et agresseur, étant défendu par l'une des meilleures pénalistes du barreau montalbanais, Me Charlotte Lévi. Face à eux Jean-Pierre B., 64 ans, également auteur et victime présumés, était représenté par l'actuel bâtonnier, Me Jean Stremoouhof. Seul à la barre, René G. expliquait avec ses mots les raisons de son agression par son voisin, un ancien maçon à la retraite qui n'avait pas daigné se présenter à l'audience. «Je loue une maison à des saisonniers espagnols qui sont arrivés sans rien dans le village. Ils avaient besoin d'une machine à laver, je leur en ai prêté une jusqu'à un incident qui a déclenché cette affaire», témoignait le sexagénaire rappelant que son voisin, situé au bout d'une impasse du bourg où il possède quatre habitations, le terrorisait depuis plus d'une décennie. Alors que mes locataires m'avaient appelé pour un problème de prises avec cette machine, Jean-Pierre B. qui m'attendait sur les lieux, m'a pris à partie.» Le ton monte, et René G. reçoit un coup au visage brisant ses lunettes et son polo arraché. Des explications qui ne convainquaient pas l'OMP qui requérait pour des gifles et coups réciproques une peine égale de 150 € d'amende aux deux parties. Une requête qui mettait hors d'elle, Me Lévi qui plaidait la légitime défense de son client. «Le ministère public coupe la poire en deux. Mais dans cette affaire, il faut tout de même rappeler que mon client qui vient porter assistance à ses locataires, se retrouve accueilli par Jean-Pierre B. qui le prend à partie, soi-disant parce qu'il exploiterait ses saisonniers… au final c'est quand même lui qui reçoit les coups, et voit ses lunettes cassées, mon client a juste eu un geste de réflexe de légitime défense face à un homme violent qui n'avait rien à voir avec l'affaire qu'il venait traiter.» Le bâtonnier Stremoouhof qui prenait la défense de l'ancien maçon de Bourg-de-Visa tentait d'influer la décision de la juge en plaidant une peine de réconciliation, en évitant d'entrer dans le fond du dossier. «L'objectif de votre décision vu que nous sommes dans une justice de paix, ce n'est pas de mettre de l'huile sur le feu et que René G. revienne chez lui en disant qu'il a gagné ce procès.» Et d'insister de manière surprenante à une équité de peine : «Je vous demande donc une peine d'amende avec sursis pour les deux. Il y aura ainsi égalité, la balle au centre.» Sans attendre la suspension de l'audience comme le veut l'usage, la juge de proximité rendait, sans attendre, son verdict convaincu par la bonne foi du sexagénaire et les arguments de son avocate, en relaxant René G. de poursuites pour violences. Elle lui octroyait, par ailleurs, 300 € au titre des dommages-intérêts et 300 € au titre de ses frais de justice. Quant à Jean-Pierre B., il était condamné à 150 € d'amende.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/26/2055930-audience-mouvementee-pour-la-nouvelle-juge-de-proximite.html

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