jeudi 28 mai 2015

Outreau : à la barre, la PJ de Lille revient sur l'enquête

Dès 2002, la police judiciaire de Lille avait conclu qu'il n'y avait dans le dossier Outreau ni meurtre, ni piste belge, ni réseau pédophile. L'ancien directeur d'enquête a témoigné jeudi au procès de Daniel Legrand, l'un des anciens acquittés de l'affaire, pour des accusations non encore jugées. Dans le rapport de synthèse de la PJ de Lille, "il y avait deux certitudes : le meurtre (d'une petite fille, des aveux sur lesquels Daniel Legrand fils reviendra rapidement, NDLR) n'existe pas et la piste belge de réseau pédophile et de trafic de cassettes (pédophiles) n'existe pas", a expliqué à la barre François-Xavier Masson, dont le service avait été chargé, en cours d'instruction, de participer à l'enquête.
Daniel Legrand et son père homonyme ont été impliqués à la suite de la retranscription, par l'assistante familiale de l'un des enfants victimes de viols, d'un surnom, "Dany Legrand", associé en outre à la Belgique. La mère de cet enfant, Myriam Badaoui, qui reconnaissait avoir violé ses fils avec son mari, avait ensuite corroboré le nom puis décrit, au juge d'instruction Fabrice Burgaud, ce "Legrand" comme un "patron de sex-shop", "chef de réseau" et propriétaire d'une maison où se déroulaient des viols pédophiles en Belgique.

"À mille lieues d'un dangereux pédophile"

Il y avait un "décalage entre l'image qui nous était donnée de propriétaire de sex-shop, d'une maison en Belgique, violant et abusant des enfants, dirigeant presque un réseau... et puis, sur le déroulé, de la garde à vue, c'est une image complètement différente que nous avons, quelqu'un qui est extrêmement simple, à mille lieues d'un dangereux pédophile international", a indiqué François-Xavier Masson. "On a parole contre parole, pas d'indice matériel", a-t-il ajouté. "Il s'agissait de faire le tri dans ce que disaient les enfants, dans ce que corroboraient les adultes, déceler le vrai du faux en l'absence d'éléments matériels, puisque c'est la grande difficulté dans les affaires de pédophilie."
"Lorsque l'épisode (de l'aveu, NDLR) du meurtre a eu lieu, c'était un basculement", a souligné François-Xavier Masson. "Je me souviens avoir eu cette réflexion : ou ce meurtre est vrai, et l'affaire Outreau tient, ou il n'est pas vrai, et ça s'effondre." "Notre grand drame à nous (son service d'alors à la PJ de Lille), c'est que nous n'avons jamais eu en face de nous Myriam Badaoui et les principaux accusateurs (entendus directement par le juge d'instruction)", a-t-il encore déclaré.
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