jeudi 26 novembre 2015

Triple infanticide en Saône-et-Loire : la mère condamnée à 20 ans de prison

Au terme d'un procès «atrocement douloureux», le verdict est tombé. Les assises de Saône-et-Loire ont condamné jeudi à 20 ans de réclusion Céline Rubey pour avoir commis l'irréparable un jour de novembre 2013: le meurtre par asphyxie de ses trois fils.


 A la majorité absolue, la cour a condamné l'accusée à 20 ans de réclusion avec une période de sûreté des deux tiers, peine assortie d'une injonction de soins et d'une interdiction de ses droits civiques et familiaux pendant dix ans. L'avocate générale avait requis une peine de 22 ans. Céline Rubey, 31 ans, longs cheveux châtains, les traits tirés et toujours emmitouflée dans son gilet, n'a rien laissé transparaître à l'annonce de sa peine, s'effondrant une fois l'audience terminée et le public parti. Elle-même avait expliqué un peu plus tôt avoir besoin de l'environnement cadré de la prison pour poursuivre ses soins après des années de profonde dépression.

Aucune des parties ne fera appel. «C'est un peu sévère mais ma cliente a bien conscience qu'à un moment donné, il faut régler la note», a déclaré son
avocat Me Michel Grebot.

Conversion à l'islam radical

Les témoignages ont été unanimes : Céline Rubey était une mère aimante, calme, douce, qui s'occupait bien de ses enfants. Une personne également «fragile», atteinte d'une dépression sévère depuis des années. Mais selon l'avocate générale, c'est aussi «une fille qui ne fait pas les choses à moitié». Ainsi lorsqu'elle se convertit à l'islam, elle va «jusqu'au bout» en se radicalisant jusqu'à porter le voile intégral. Ou quand, enceinte de son aîné Lyam (six ans au moment du drame), puis de ses jumeaux, Imran et Zayd (18 mois), elle décide de garder les enfants toute seule.

Enfin ce macabre 1er novembre 2013, quand elle va chercher sur
internet une méthode pour les tuer, avant de les étouffer avec des sacs plastique les uns après les autres, avec «sang-froid», souligne l'avocate générale Caroline Mollier, étouffant un sanglot.
Altération du discernement»

L'accusée s'est effondrée pendant le récit des faits. Alors «combien ça vaut un triple infanticide ?», demande la magistrate. Elle cite Robert Badinter : «On ne juge pas un homme pour ce qu'il est mais pour ce qu'il a fait». Elle réclame une peine de 22 ans de réclusion criminelle.

Initialement, l'accusée encourait la perpétuité. Mais les experts ayant relevé une «altération» de son discernement au moment des faits, notamment en raison de sa dépression, la sanction maximale a été ramenée à 30 ans.

«L'enfer, elle le vit tous les jours»


Avant le réquisitoire, l'avocate des pères des enfants, Géraldine Wendel, a décrit avec beaucoup d'émotion elle aussi une mère «déterminée», «impitoyable». «Ce n'est pas aux papas que Madame Rubey doit présenter des excuses, c'est aux enfants. Ce sont eux les grandes victimes, les grands absents», a-t-elle lancé, réclamant «une décision significative à l'égard de leur bourreau».

Après avoir demandé pardon au premier père mardi, puis au second mercredi, Céline Rubey l'a fait aussi pour ses enfants jeudi. «Je leur demande pardon tous les jours et je donnerais tout pour pouvoir revenir en arrière», a-t-elle déclaré en larmes à la fin de l'audience. Son avocat, Me Michel Grebot, a parlé d'un «procès atrocement douloureux, dont personne ne sortira indemne».

Mais sa cliente vit déjà une «peine à perpétuité» selon lui : «l'enfer, elle le vit tous les jours», a-t-il plaidé. Et «imaginez le jour où elle sortira, imaginez la nouvelle peine qu'elle va connaître : celle du ban de la société car personne ne pourra lui pardonner de tels actes».
 

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