vendredi 5 février 2016

Les fraudes mettent le nez dans le rosé

Vinovalie, qui regroupe 4 sociétés coopératives agricoles, a été reconnue coupable, hier, de tromperie sur la qualité. Une histoire pas très claire de réglementation européenne sur l'assemblage des vins.
La santé et l'intégrité des consommateurs, qui ont siroté les «vins» aromatisés au pamplemousse et au citron, ont-elles été bafouées parce que la base de vin rosé a été coupée avec du blanc ? Oui, à en croire les services de la répression des fraudes qui ont enquêté dans les caves de Vinovalie à Brens et relevé plusieurs infractions à la réglementation communautaire. Non, pour Me Emmanuel Gil qui représentait la société coopérative, son président, son directeur général et son adjoint, en balayant leur intention de frauder et mis en avant le flou de la réglementation jusqu'en 2009.
Les vérifications effectuées en 2012 sur ces vins de table, sans indication géographique, ont fait ressortir que les vins rosés vendus à deux grossistes provenaient en partie de cépages de vin blanc. Une pratique interdite selon la réglementation même si ce n'est pas indiqué noir sur blanc. En clair, ce n'est pas bien de mélanger du blanc avec du rosé pour obtenir du rosé. Mais on peut mélanger, toujours selon la réglementation, des cépages de vin rouge avec du vin blanc.
Le directeur de la cave assume les faits mais nie toute intention frauduleuse. Sachant que ce sont les coopératives adhérentes de Fronton et de Rabastens qui ont procédé aux assemblages, comme cela s'est toujours fait pour la vinification. «Vinovalie a récupéré un produit qui a déjà été travaillé dans les sites d'exploitation des caves qui ont une entité juridique propre» rappelle l'avocat de la défense.

Un assemblage aromatisé

«J'ai du mal à vous croire, lance la présidente. Vous êtes des professionnels avec des vignerons dans la coopérative et vous produisez du vin rosé sans savoir comment on le produit, en le coupant avec du blanc pour écouler les stocks et répondre à la demande du marché». La répression des fraudes parle de négligence coupable.
«Je vous mets au défi de prouver que le coupage de rosé et de blanc est interdit. En Italie et en Espagne, aujourd'hui, on continue à produire du vin rosé, sur les mêmes bases. Les dispositions européennes le permettent On assemble du rosé et du blanc sans difficulté pendant des années et on interprète maintenant le décret du 4 mai 2012, lance Me Emmanuel Gil. On nous fait un procès qui ne repose sur rien. Les grossistes ne se sont pas portés partie civile et n'ont aucun préjudice. Le produit final, acheté et commercialisé, est un assemblage aromatisé à base de vin. Et non du vin», conclut-il en plaidant la relaxe. Pour la procureur, leur responsabilité est engagée dans ces infractions matérielles. Elle demande des amendes pour la coopérative et ses dirigeants.
Le tribunal a tranché et condamné la société à 10 000 € d'amende et ses dirigeants à des amendes de 1 000 à 5 000 €. Pas très clair tout ça…

http://www.ladepeche.fr/article/2016/02/05/2270944-les-fraudes-mettent-le-nez-dans-le-rose.html

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