jeudi 17 mai 2012

Attaque du fourgon Prosegur : 13 et 15 ans pour les deux accusés

Le verdict est tombé à 22 heures après six heures de délibérations. À l’instar de la cour d’assises du Rhône, la juridiction d’appel de la Loire a reconnu Bruno Bonnenfant et Jean-Michel Romero coupables de l’attaque du fourgon blindé Prosegur, le 19 octobre 2006 à Saint-Étienne. Coupables également de la préparation d’un nouveau coup, le centre fort de Prosegur. Jean-Michel Romero est condamné à 13 ans, Bruno Bonnenfant à 15 ans.
En virtuose, Michel Girard, avocat général, a décliné les gammes de « cette « opérette en deux actes » : le braquage du fourgon, « une tirelire de 6 millions d’euros » partie en fumée, sans doute partiellement, dans un accident sous le tunnel de Terrenoire. Et l’association de malfaiteurs visant à faire « sauter la marmite à billets du centre fort de Prosegur ».
Dernière affaire qui restera en « stand-by, faute d’associés échaudés par le premier ratage ».
L’avocat général y voit la « patte » de Bruno Bonnenfant et « salue ses progrès » depuis ses premiers braquages dans les années 1990. « Il n’en demeure pas moins le Joe Dalton, le branquignol qui laisse son empreinte digitale sur une affichette placardée sur le fourgon, intimant l’ordre aux convoyeurs de ne pas « jeter la clef au risque de sauter. »
L’accusation voit aussi la griffe de Jean-Michel Romero, « le père tranquille de la délinquance, le logisticien, l’interlocuteur des actionnaires du sud prêts à investir en armes et en véhicules. Plus professionnel… À un poil près » puisqu’un élément pileux correspondant à son profil a été retrouvé sur un pain d’explosif factice.
L’avocat général requiert les peines prononcées par la cour d’assises du Rhône, 15 et 17 ans. Pour lui, les deux compères Bruno Bonnenfant et Jean-Michel Romero, ont trouvé en Christophe Villette, l’hôtelier mâconnais, et Patrick Voisin, le convoyeur stéphanois, les « bons pigeons.
Lourdement armée, une équipe de 4 à 6 est montée au braquage, avec un complice dans la place, Patrick Voisin, chargé de veiller à l’absence de réactions de ces deux collègues. Ils jouaient sur du velours mais il y a eu deux pépins : les empreintes et l’élément pileux laissés sur les lieux et bien évidemment, l’autodafé du butin. » L’avocat général conclut avec l’acte II, la préparation d’un nouveau coup où les mêmes sont filmés et surveillés… à proximité du centre fort, à deux reprises.
En défense, M e Bernard Rippert demande l’acquittement et développe ses arguments. Jean-Michel Romero n’a jamais été mis en cause par ceux qui se sont mis à table : « Sans les 2 V -Voisin, Villette- il n’y aurait pas eu d’attaque. Ils sont les organisateurs. On parle d’un homme à l’accent gitan, mon client est grenoblois. L’accusation se contente de ragots dans des bouches peu crédibles et affirme sans prouver.
La présence d’un poil de Romero sur le scotch intérieur du pain d’explosif ne prouve pas sa présence sur les lieux. » Sur le projet d’attaque du centre fort, M e Rippert s’appuie sur les écoutes téléphoniques pour démontrer que ce « projet n’était qu’au stade de l’idée et qu’on ne saurait s’appuyer sur des actes intellectuels pour condamner. »
Prenant le relais de son confrère pour la défense de Bruno Bonnenfant, M e Michel Jallot, armé d’un rouleau de scotch, démontre qu’on ne le manipule pas avec l’annulaire mais avec le pouce et l’index.
Ceci en référence à l’empreinte digitale retrouvée de Bruno Bonnenfant. Et puis son client boîte, « façon Robocop, et aucun des témoins n’évoque un estropié sur les lieux. L’accusation vous propose des certitudes, je vous propose le doute, l’acquittement. »

http://www.leprogres.fr/loire/2012/05/12/attaque-du-fourgon-prosegur-13-et-15-ans-pour-les-deux-accuses

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