J'ai fait une bêtise cette nuit. Je me suis accroché avec ma sœur. Je crois que je l'ai tuée...» Ce matin du lundi 17 octobre 2011, l'homme qui appelle les gendarmes depuis la maison familiale de Goujounac paraît affolé, perdu. Matthias Belmon, architecte, alors âgé de 35 ans, a la main en sang. A ses côtés, sa mère écoute la conversation et découvre, effrayée, ce que son fils n'a pas su lui dire clairement, quelques minutes plus tôt. À Cahors, les vérifications s'accélèrent. Les policiers se rendent dans la vielle ville, rue Saint-Urcisse, à la porte d'un bel hôtel particulier. Au 1er étage, ils découvrent le corps sans vie de Stephan Belmon, agent immobilier. Elle a été étranglée. Elle avait 31 ans.
Des relations toujours compliquées
Entre Matthias et Stephan, héritiers d'une famille lotoise qui a prospéré derrière son chef de famille, emporté par en cancer en octobre 2010, les relations ont toujours été compliquées, tendues. La disparition brutale du patriarche a laissé ses enfants à la tête d'entreprises prospères. Stephan s'occupait de l'agence immobilière à Cahors, Matthias dirigeait le cabinet d'architecture et la société de maisons individuelles. Ensemble, frère et sœur devaient gérer la carrière de pierre du Lot et le vignoble, à Goujounac, terre des Belmon, la fierté de leur père. «Un pacte» liait frère et sœur. Il semble les avoir entraînés dans le vide.Sentiment davantage que certitude. En effet, après le crime, Matthias Belmon, a été placé en hôpital psychiatrique pour éviter qu'il mette fin à ses jours. Puis il a reconnu le meurtre de sa sœur mais le drame, sa motivation, son exécution reste dans une sorte de brume facilitée par une amnésie dont on ignore si elle est réelle et feinte.
Matthias Belmon, le jeune homme qui s'éclatait à Paris, le rugbyman qui fréquentait et jouait avec les futurs pros du Racing ou du Stade Français, qui devient architecte, qui se marie, travaille pour Icade ou Bouygues, est revenu «au pays» en 2006, après un premier décès. Celui du grand-père, le premier à avoir tracé le sillon des Belmon vers le succès. Ce retour dans le Lot avec femme et enfants, consciemment ou pas, Matthias Belmon le réalise à la demande de son père pour prendre sa place dans la lignée, devenir à terme le guide. La maladie du père va précipiter cette succession dont beaucoup d'observateurs ont constaté qu'elle avait déstabilisée Matthias . Lui même reconnaît le profond désespoir dans laquelle ce deuil l'a plongé. Il fallait assurer. Pas simple. Et même de plus en plus compliqué au fil des semaines et de ce dialogue devenu si difficile avec sa sœur.
Ce n'est pas une question d'argent. Davantage la nécessité de se montrer à la hauteur, de ne pas décevoir. Avec comme un fardeau, le poids du père et du grand-père, disparus mais si présents. Lentement, sûrement, Matthias s'est enfoncé «dans une profonde dépression», souligne son avocat, Me Georges Catala qui le défend avec Me Maud Secheresse. Ses amis l'ont compris lors du mariage de Mathieu Blin, le manager du SU Agen, dans les vignes de Goujounac en juillet 2011. Le député des Hautes-Pyrénées Jean Glavany, qui considère Matthias Belmon comme son propre fils, lui a conseillé de «consulter» ce jour-là. Le conseil n'est jamais allé plus loin qu'un appel sans réponse à un médecin toulousain. Aux prescriptions d'un spécialiste, Matthias Belmon a préféré l'automédication, un carcan supplémentaire pour le tirer vers le bas.
Les attentes d'une mère
Le 17 octobre 2011, jour de l'anniversaire de son père, et presque un an après sa mort, Matthias Belmon a voulu aller «parler» à sa sœur. Au milieu de la nuit, en emportant cagoule, corde et arme à impulsion électrique. L'accusation y voit les éléments qui constituent un assassinat. La défense le conteste. Une femme ne dit rien. Elle attend, a hésité longtemps, mais elle sera partie civile au procès «pour comprendre» les secrets de son fils. Françoise Belmon était la mère de Stephan, celle de Matthias aussi. Elles les a perdus, presque tous les deuxhttp://www.ladepeche.fr/article/2015/03/15/2067233-les-secrets-d-un-frere-meurtrier.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire