EN DIRECT - 19e audience du procès Bissonnet. Ce vendredi, la cour d'assises de l'Hérault se consacre à l'examen du parcours et de la personnalité de Meziane Belkacem. Au cours de la journée, quelques-uns de ses collègues à la Gazonnière, l’entreprise de Saint-Laurent- d’Aigouze où il travaillait ponctuellement, devraient être entendus à la barre.
9 h - Reprise de l'audience. Le président M. Mocaer invite Meziane Belkacem à retracer sa vie familiale et professionnelle devant la cour.
M. Belkacem : "Je suis né le 29 avril 1959 en Algérie. J'ai vécu là-bas jusqu'à l'âge de 20 ans. J'ai été élevé par ma mère. Je suis arrivé en France en avril 1979. En Algérie, je n'ai pas été à l'école. J'ai travaillé
à gauche à droite. En avril 1979, à mon arrivée en France, je suis resté une semaine à Orly."
L'homme relate les petits boulots qu'il a exercé dans des entreprises de nettoyage à Paris et en Province.
(...)
Dans le box, debout micro en main, l'accusé explique qu'il a rencontré Jean-Michel Bissonnet à l'époque où il travaillait à la Gazonnière, une société de Saint-Laurent- d’Aigouze (Gard).
9 h 20 - M. Mocaer : "Parlez-nous de vos parents. Que faisait votre père ?"
M. Belkacem : "C'était un militaire. Il est parti en France en 1962. Je ne m'en souviens pas."
M. Mocaer : "Et votre mère ?"
M. Belkacem : "A l'époque, les femmes ne travaillaient pas. Ma mère était à la charge de ses parents. J'ai une soeur plus jeune que moi."
M. Mocaer : "Savez-vous pourquoi votre mère n'a pas suivi votre père en France ?"
M. Belkacem : "Mon père a refait sa vie en France."
Lorsque sa mère s'est remariée, Meziane Belkacem a été élevé par ses grands-parents. Il avait 17 ans à la mort de sa grand-mère. "Il a fallu que je travaille pour subvenir à mes besoins. J'ai travaillé dans les champs."
9 h 30 - M. Mocaer : "Vous avez été scolarisé ?"
L'accusé : "Non, jamais"
M. Mocaer : "Vous savez lire et écrire ?"
M. Belkacem : "Non, j'apprends aujourd'hui à la maison d'arrêt."
(...)
M. Belkcame: "A mon arrivée en France, je ne parlais pas français. Je parlais seulement le kabyle." Il explique comment les services sociaux l'ont aidé à retrouver son père. Ce dernier résidait à Chalon-sur-Saône.
M. Mocaer : "Comment se passent les retrouvailles avec votre père ?"
M. Belkacem : "Assez bien."
M. Mocaer : "Et avec votre belle-mère ?"
M. Belkacem : "Ca se passait très bien."
M. Mocaer : "Et avec les enfants de votre père ?"
M. Belkacem : "Ils me prenaient pour un martien. Comme je ne parlais pas français, on ne pouvait pas se parler."
M. Mocaer : "Sur le plan professionnel, globalement, vous avez tout le temps travaillé ?"
M. Belkacem : "Oui."
M. Mocaer : "Vous avez eu des périodes de chômage ?"
M. Belkacem : "Oui, mais ça n'a pas duré longtemps."
9 h 35 - M. Mocaer : "Quel âge aviez-vous lors de votre premier mariage ?"
M. Belkacem : "21 ans."
M. Mocaer : "C'est vous qui choisissez votre épouse ?"
M. Belkacem :"Non, c'est mon père. Ca se faisait comme ça à l'époque. Il connaissait le père de mon épouse. C'était un harki comme lui."
M. Mocaer : "Combien de temps êtes-vous restés ensemble ?"
M. Belkacem : "Huit ans."
M. Mocaer : "Et vous avez eu un enfant ?"
M. Belkacem : "Oui, Reynald."
A leur séparation, son ex-épouse a eu la garde de Reynald. A son adolescence, Reynald a repris contact avec son père. "Il venait l'été."
Meziane Belkacem retrace le parcours scolaire de son fils. "Il a arrêté l'école en 3e". Il explique comment il l'a poussé à poursuivre ses études. "Aujourd'hui, je suis très fier de lui." (Reynald Belkacem est sommelier dans un restaurant à Londres, NDLR).
9 h 40 - Le président de la cour l'interroge sur la séparation avec sa seconde épouse, qui a eu lieu peu de temps avant l'assassinat de Bernadette Bissonnet. "Après la séparation, j'ai continué à voir mes enfants. Quand je me suis marié avec elle, ce n'était pas pour avoir une femme, mais pour avoir une famille, des enfants à la maison", déclare l'accusé.
M. Mocaer : "Dans quel état d'esprit êtes-vous au moment de cette séparation ?"
M. Belkacem : "J'avais très peur, j'avais peur de ne pas voir mes enfants."
9 h 45 - M. Mocaer : "Quels sont vos centres d'intérêts ?"
M. Belkacem : "Mes enfants, ma famille, la réussite de mes enfants."
(...)
M. Mocaer : "Comment appréhendez-vous la prison ?"
M.Belkacem : "La prison, c'est jamais bon personne. Si on est là, c'est qu'on a fait quelque chose. Il faut assumer ses actes. C'est très difficile. Mais, il faut que mon expérience serve à mes proches, et leur montre où ça mène de baisser les bras comme ça. Si je suis là, c'est que j'ai fait quelque chose. Je ne vais pas pleurer sur mon sort !"
9 h 50 - "Il avait une carrière professionnelle exemplaire"
L'avocat général Georges Guttierez prend la parole : "Parlez-nous de vos relations avec M.Bissonnet (avant le drame, NDLR) ?"
M. Belkacem : "Ca se passait bien. Quand je venais chez lui, il m'offrait le café avant de me dire ce qu'il y a faire. Il aimait le travail bien fait, il était maniaque. Je trouvais que c'était quelqu'un de bien auprès de qui je pouvais apprendre beaucoup."
M. Guttierez : "Aviez-vous de l'admiration pour lui ?"
M. Belkacem : "Oui, il avait une carrière professionnelle exemplaire."
M. Guttierez : "Cette admiration que vous aviez pour lui était telle qu'elle vous a emmené à faire quelque chose de grave ?"
L'accusé : "Oui, pour moi, tout ce qu'il disait, c'était positif."
9 h 57 - "Ce jour-là, le diable a gagné"
L'avocat général Pierre Denier : "Quelles étaient vos relations avec Bernadette Bissonnet ?"
M. Belkacem : "Ben, c'était bonjour au revoir. Parfois, elle me demandait comment allaient mes enfants."
M. Denier : "Dans la procédure, vous avez dit que vous la trouviez gentille ?"
M. Belkacem : "Moi, elle était gentille. Avec moi, y a jamais rien eu. Elle ne m'a jamais fait de reproches."
M. Denier : "Pourriez-vous nous parler de votre pratique religieuse ?"
M. Belkacem : "Je suis musulman, je fais la prière cinq fois par jour."
M. Denier : "Le coran reprend les préceptes de la Bible, dont "Tu ne tueras point". Alors vous qui avez une pratique religieuse, comment expliquez-vous votre geste ?"
M. Belkacem : "Faut payer pour ce qu'on a fait."
M. Denier : "Mais vous n'auriez pas dû le faire."
M. Belkacem : "On se bat toujours avec le diable. Ce jour-là, je me suis détourné de mon chemin, et le diable a gagné ! Aujourd'hui, la seule chose que je peux faire, c'est dire la vérité, et assumer mes responsabilité."
10 h 10 - 10 h 25 - L'enquêtrice de personnalité, Stéphanie Archambault, s'avance vers la barre. Devant la cour, elle retrace le parcours de vie de Meziane Belkacem. Elle a divisé ses recherches en trois parties : l'enfance en Algérie, les retrouvailles avec son père, et le second mariage.
10 h 30 - Bernadette Bissonnet aurait voulu divorcer
M. Mocaer à l'enquêtrice : "Meziane Belkacem vous aurait dit que, depuis des mois, M. Bissonnet lui parlait de ses problèmes conjugaux et de l'envie de Mme Bissonnet de divorcer."
M. Belkacem : "Quand je lui ai raconté mon histoire, il m'a dit que sa femme voulait aussi divorcer. Il m'a expliqué que s'il divorçait, il perdait tout, il allait se retrouver dans un appartement, que ce n'est pas possible pour lui."
10 h 35 - Un des jurés à l'enquêtrice : "Pensez-vous que M. Belkacem est quelqu'un de crédule?"
L'enquêtrice peine à répondre, et relate une anecdote : "Un jour, il aurait accepté de nettoyer un entrepôt grand de 1 700 m² tout seul."
10 h 40 - Me Abratkiewicz, avocat du frère de Benadette Bissonnet : "A travers l'enquête de personnalité, vous a-t-on dit que M. Belkacem est un menteur, affabulateur ?"
Stéphanie Archambault : "Non."
Me Abratkiewicz : "Manipulateur."
L'enquêtrice : "Non plus."
10 h 50 - L'avocat général Georges Guttierez se lève : "Dans votre rapport, vous dites que M. Belkacem serait amer de la manipulation dont il a fait l'objet."
L'enquêtrice : "M. Belkacem m'explique qu'il a réalisé la gravité de son geste. Il a la sensation d'avoir été manipulé. Quand il repense à Mme Bissonnet, il n'y avait que des "bonjour" et "au revoir". Il avait la sensation d'échanger avec M. Bissonnet, mais tout ceci s'effondrait."
M. Guttierez : "C'est lui qui a employé le terme "manipuler" ?"
Elle relit ses notes. "Oui, il a le sentiment d'avoir été instrumentalisé", déclare Mme Archambault.
10 h 52 - "Le bon dieu"
M. Guttierez : "M. Belkacem, votre belle-mère disait que vous parliez de M. Bissonnet comme du bon dieu."
M. Belkacem : "M. Bissonnet était quelqu'un avec qui je pouvais apprendre beaucoup de choses."
M. Guttierez : "Oui, mais "Bon dieu", c'est un terme fort ?"
M. Belkacem : "C'est elle qui l'a employé. C'est une expression."
M. Guttierez : "Vous souvenez-vous de ce que vous avez dit lors du premier procès ?"
M. Belkacem : "J'ai dit que j'étais content que le bon dieu l'ait mis sur mon chemin."
10 h 58 - Me Iris Christol, avocate de Meziane Belkacem : "Dans votre rapport, vous racontez une histoire qui est vraiment révélatrice." L'avocate lit ce passage à haute voix. A l'enquêtrice, l'épouse de l'accusé explique que M. Belkacem ne sait pas dire "non", à tel point, qu'un jour, il a acheté à un vendeur une collection complète de type tout l'univers. Et ce, alors qu'il ne sait pas lire.
11 h - Suspension d'audience.
11 h 24 - Reprise de l'audience.
11 h 27 - Alain Paquet, 36 ans, exploitant agricole. Il connaissait M. Belkacem avant les faits. L'homme est invité à s'exprimer devant la cour.
M. Mocaer : "Que pouvez-vous nous dire sur cette affaire ?"
M. Paquet : "L'affaire, je l'ai apprise dans les journaux. Pour moi, M. Belkacem était un employé sans histoire, très ponctuel, très dévoué. Au moment des faits, il était en plein divorce. Ca n'allait pas dans son couple."
M.Mocaer : "Vous l'employiez depuis combien de temps ?"
M. Paquet : "C'était un employé saisonnier. La saison démarre en mars et termine fin août."
M. Mocaer : "Il était très apprécié dans son travail ?"
M. Paquet : "Oui."
M.Mocaer : "Et ses relations avec ses collègues de travail ?"
M. Paquet : "Elles étaient très bonnes."
Pour suivre le procès en direct cliquez sur le lien.....http://www.midilibre.com/articles/2011/02/04/A-LA-UNE-La-cour-scrute-la-personnalite-de-Meziane-Belkacem-1528065.php5
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