mercredi 1 juin 2011

Refus de vendre une maison à deux Lensois d'origine maghrébine : l'affaire sera jugée en octobre

Le couple Blamm avait « flashé » sur cette maison de la rue Salvador-Allende, à Lens. Elle était à un prix raisonnable : 125 000 euros. Le couple imaginait déjà les jours heureux qu'il y passerait avec ses quatre enfants, âgés aujourd'hui de 3 à 11 ans. ...

Tout était parfait, la banque avait accordé un crédit, le compromis avait été signé. Seulement voilà, la vente de cette maison était la conséquence du décès de la propriétaire. Or parmi les héritiers (le père et ses enfants), deux filles ont refusé de vendre au couple à cause de ses origines maghrébines.
Alors le couple Blamm a pris un avocat, Me Jean-Bernard Geoffroy, qui a déposé une plainte auprès du procureur de la République en décembre 2009.

« Droit fondamental »

Le parquet de Béthune a diligenté une enquête qui est désormais close. Et les deux soeurs suspectées d'avoir refusé de vendre au couple Blamm à cause de ses origines seront jugées pour discrimination au tribunal de Béthune le 11 octobre. Me Geoffroy commente : « Le droit au logement est un droit fondamental. Aucune personne ne peut se voir refuser un logement à raison de ses origines, de son physique ou encore de son orientation sexuelle. » L'avocat des deux soeurs, lui, n'était pas joignable hier.
Pour Dalila Blamm, la décision qu'a prise le parquet de Béthune de poursuivre les deux soeurs sonne comme une petite délivrance. « Je suis contente que l'affaire va être jugée au tribunal et que ma parole a été prise en compte. » Elle espère qu'une des soeurs, avec laquelle elle avait tenté de dialoguer à l'époque de la vente « saura reconnaître ses torts et le mal qu'elle nous a fait ». Car même si elle ne l'exprime pas aussi clairement, Dalila et son époux ont été meurtris par cette histoire. Le couple avait visité avec ses enfants la maison. « Ça a été tout un travail ensuite d'expliquer aux enfants pourquoi on n'avait pas la maison. Comment expliquer ça à un enfant de 10 ans (l'aîné de la fratrie) ? »

Rôle de citoyen

Si le racisme est, hélas, fréquent en matière de locations, il est plus rare dans les ventes de biens immobiliers. Mais dans les deux cas, il est toujours délicat de démontrer qu'on a été victime de discrimination. Dans ce dossier lensois, sans le témoignage de l'agent immobilier et de sa secrétaire, l'affaire n'aurait peut-être jamais été jugée. Mais l'agent immobilier, lui, veut rester anonyme. Il dit simplement : « C'était mon rôle de citoyen de le faire. » Il ajoute : « Je trouve ça tout à fait normal que les deux soeurs soient poursuivies. Je n'ai pas compris qu'une des héritières, professeure dans l'enseignement catholique se comporte ainsi. » Depuis cette triste affaire, la famille Blamm a trouvé une autre maison à Lens mais plus chère (155 00 euros). Et sans le « flash » qu'elle avait eu sur la première demeure.
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Lens/actualite/Secteur_Lens/2011/05/31/article_refus-de-vendre-une-maison-a-deux-lensoi.shtml

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