vendredi 1 juillet 2011

Peines très lourdes pour les agresseurs du jeune Tunisien

19h30 hier. Dans l’affaire du jeune Tunisien frappé à mort par des compatriotes, le verdict de la cour d’assises des A.-M. est lu dans un silence pesant. Il dépasse largement les réquisitions de l’avocate générale Gwenaelle Ledoigt, avec des peines de quinze ans pour les deux principaux accusés, Zied Fredj et Foued Ben Ayech (dix ans avaient été réclamés). Douze ans pour Milad Salem (dix ans avaient été sollicités), huit pour Mohamed Dridi (au lieu de six) et cinq pour Hamdi Ajimi (au lieu de trois). Les condamnés baissent la tête, sans un mot, avant de suivre les policiers jusqu’à la maison d’arrêt. Leurs avocats sont atterrés.
Une « violence gratuite et banalisée »

« Ce sont des peines d’homicide volontaire alors qu’il s’agit de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner », s’insurge Me Michel Charbit. « C’est hors de proportion » (Me Mohamed Maktouf). « La volonté répressive est manifeste » (Me Jean-François Gonzalez). « Mon client prend cinq ans pour un simple rôle de chauffeur » (Me Linda Sennaoui). « Nous allons probablement tous faire appel », résume Me Karim Ben Sedrine. Comme d’autres, le père de son client a quitté la salle dignement. Sur les marches du palais, son amertume éclate. « C’est pas la justice. C’est parce qu’on est maghrébin... ». Seuls le cousin de la victime et l’ami, qui en sa compagnie échappa de justesse au passage à tabac, paraissent satisfaits. Même si le copain juge les « sanctions trop faibles ».

Visiblement, la cour, composée aux trois quarts de femmes, a été horrifiée par la violence du dossier, « gratuite et banalisée de manière effrayante » selon l’avocate générale. « Ce 14 juin 2009 au soir, n’importe quelle personne passant sur le bord de mer à Cannes aurait pu connaître le sort de Mehrez Rezgui », avance la représentante du parquet.

Elle décrit des accusés « individuellement gentils » et qui en groupe deviennent « arrogants et incontrôlables au point de créer des problèmes jusque, ces dernières heures, dans les geôles du tribunal ». Mehrez et un copain s’étaient donc joints à un groupe de cinq compatriotes faisant la fête. Sur fond d’alcool et de cannabis, son ami aurait suscité l’ire de la bande en tirant sur l’écharpe d’un de ses membres. Il a réussi à s’enfuir. Mehrez n’a pas eu cette chance.

Un cerveau en « bouillie »

Quelles violences ont provoqué sa mort? Les coups de pied au visage ou en dernier lieu les quatre tuiles brisées sur sa tête à Auribeau-sur-Siagne? En matinée, les experts n’ont pas tranché. « C’est impossible à déterminer », admet un médecin légiste qui a recensé de nombreuses lésions sur le corps et diagnostiqué « un traumatisme crânien gravissime avec de multiples hémorragies ». « Le cerveau, ajoute un confrère, était en bouillie ».

A la défense, les avocats déplorent effectivement l’effet de groupe, soulignent le jeune âge de leurs clients et leur faible niveau intellectuel. « Je ne plaide, lance Me Charbit, ni pour un barbare ni pour un salaud mais pour un garçon n’ayant pas la chance de connaître la magie des mots ».

Reste une interrogation, qui a sans doute pesé lourd lors du délibéré : en dépit de leurs excuses réitérées, les accusés ont-ils pris réellement conscience de leurs actes et sont-ils à l’abri de toute récidive?

http://www.nicematin.com/article/faits-divers/peines-tres-lourdes-pour-les-agresseurs-du-jeune-tunisien

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