C'est la veille du 1er avril. Il est 11 h 55, ce mardi 31 mars 1998. Les élèves du lycée Gambetta s'apprêtent à quitter la classe pour la pause déjeuner. Au premier étage de l'établissement, un enseignant dispense un cours de sciences naturelles à des élèves de 1ere Scientifique. Puis c'est la détonation. Tout va très vite. On se retourne, certains paniquent.
Hassan Atrane, un jeune Tourquennois âgé de 18 ans s'écroule. Atteint d'une balle dans la tête. Ce projectile, provient d'un pistolet automatique Herstall calibre 6,35 mm. Transporté dans un état critique au CHR de Lille, le lycéen ne survivra pas à ses blessures.
Le possesseur de l'arme au moment des faits est un camarade de classe, Foued, âgé lui aussi de 18 ans. « Selon la police, les deux élèves de Gambetta étaient amis depuis plusieurs années et n'étaient pas des adolescents à problèmes », écrivait Christelle Jeudy, dans le Nord Eclair de l'époque. L'enquête de police permet d'esquisser le scénario du drame : le jeune Hassan est mort et le coup qui l'a tué a été tiré par son meilleur ami. L'arme en question avait été amenée par Hassan. Le matin même, il l'avait remise à Foued en lui proposant de l'essayer tout en lui assurant que le cran de sécurité était mis.
Le drame tourquennois
prend une ampleur nationale
Le jeune Foued est présenté devant un juge d'instruction lillois qui le met en examen pour « homicide involontaire ».
L'ampleur du drame est nationale. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur à l'époque, ouvre une enquête pour comprendre comment l'arme a pu être introduite dans l'établissement. Le pistolet automatique n'était pas déclaré. On parle alors de la mise en place de portiques à l'américaine et d'une nouvelle législation sur les armes.
Pour Jean-Pierre Balduyck, député-maire de Tourcoing, ce drame n'est aucunement « un problème de délinquance ». Il parle de la banalisation de la violence dans notre société (déjà !). « Mais ces lycéens n'étaient pas en échec scolaire. Ils étudiaient dans un lycée sans difficulté majeure et reconnu pour la qualité de son enseignement. C'est plus un problème de manque de repère que de délinquant ».
Que ce soit parmi les élèves de Gambetta ou dans le quartier de la Bourgogne où habitaient les familles de deux amis, l'émotion est particulièrement vive.
Une cellule psychologique est mise en place pour accueillir une foule de lycéens en pleurs. Puis vient rapidement le temps du recueillement. Dès le vendredi 3 avril, les élèves organisent une manifestation silencieuse. Pendant une heure, les 1 200 lycéens du lycée se tiennent par la main afin de constituer une impressionnante et émouvante chaîne humaine. « Certains portent des bouquets de tulipes jaunes, d'autres, des roses blanches mais tous observent un silence absolu », lit-on dans l'édition Nord Eclair du 4 avril. La marche se termine sur le perron de la mairie de Tourcoing où résonne la chanson préférée d'Hassan. Parmi les paroles qui s'envolent, "Baby, I know, I love you so"...des mots en anglais pour dire « Je t'aime tant, je suis si fatigué, il faut être fort ». En réalité, dans la tête de tous les élèves présents ce matin-là, l'hommage est rendu à Hassan mais aussi à Foued, « parce que ce sont deux victimes ».
Mis en examen pour homicide involontaire mais libre sous contrôle judiciaire, le jeune Tourquennois a toujours été soutenu malgré le contexte difficile. En témoigne une lettre publiée dans la presse par ses camarades de classe. « On a été témoin de l'acte tragique, de l'accident. On forme désormais un groupe, un vrai groupe. On est tous dans la même galère, avec la même image dans la tête qui revient en flash dès que l'on ferme les yeux, dès que l'on repense à l'accident ». Ils évoquent Hassan, un « mec bien », dynamique, intelligent mais réservé. Les mêmes qualificatifs reviennent quand ils s'adressent à Foued. « Tu n'es pas fautif à nos yeux. On sait que c'était un accident et que la balle est partie par erreur.
Tu es quelqu'un de doux, de gentil et de très respectueux. Tu es une personne cool, calme, sensée, discrète, marrante ».
Triste coïncidence, Jean-Pierre Balduyck qui terminait la rédaction d'un rapport sur la délinquance des mineurs se trouvait être voisin à quelques mètres près de l'habitation de la victime
http://www.nordeclair.fr/Actualite/2011/08/21/et-soudain-un-coup-de-feu-retentit.shtml
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire