mercredi 2 novembre 2011

15 ans de prison pour avoir tenté d’immoler sa femme

Comment ce couple qui s’envoyait des SMS signés « Bébé » ou « Amour » se retrouve-t-il face à face après avoir formé deux « torches vivantes » le 12 août 2008 à Lure (ER d’hier) ? Les psychologues, les psychiatres et les proches apportent peu à peu leur éclairage.
Badri Smoev, accusé de tentative d’assassinat (pendant sa tentative de suicide) avait trouvé une « femme gentille, belle et intelligente », peu après sa venue en 2001 depuis la Géorgie. Ils ont vécu à Héricourt, Villersexel, Strasbourg et Lure. Formé mécanicien automobile en son pays, il était devenu maçon non déclaré. S’il est retourné plusieurs fois à Tlibissi, c’est surtout pour un trafic de voitures de luxe.

« Culture macho »

Ses trois frères vivent eux aussi en France, dont deux sous nom d’emprunt. L’un a même signé deux déclarations aux policiers et aux gendarmes, sous ses deux patronymes. Curieusement, la version que Badri rejette globalement, c’est la plus proche de la thèse de la défense, évoquant des « voix d’ancêtres » entendues par l’accusé, dans la nuit d’avant les faits : « Tu vas mourir… »
La fratrie est d’origine kurde et d’ethnie yezidie, minoritaire en Géorgie. Baptisé orthodoxe puis adepte des Témoins de Jéhovah, Badri se dit menacé en Géorgie. Il n’a pu obtenir le statut de réfugié politique et, s’il n’a pas de contrat de travail, peut être expulsé à chaque mois de janvier. Alors, quand Sandra Budi demande le divorce pour violences conjugales (jamais constatées par un médecin), il se retrouve « à la rue », perdant son « point d’appui ». C’est ce qui ressort des expertises, aucune maladie mentale n’étant décelée. D’où son leitmotiv : « J’ai été jaloux parce que j’ai aimé. » Une traduction s’impose : oui, selon ses codes.
Sandra, que personne n’appelle plus Mme Smoev alors que le divorce n’est pas prononcé, a vécu, en parallèle, un parcours d’« emprise » de la part de celui qu’elle a sauvé en l’épousant. Fille d’un père né en Croatie, elle ne s’est pas pliée à la « culture macho » des Géorgiens : « Elle veut des libertés », résume monsieur, bien sobrement.
Si elle ne parle pas de viol mais de « manque de respect » ressenti, Sandra s’était confiée à Sonia, sa voisine, qui, elle, a compris : « Quand on nous tape, on a l’impression qu’on le mérite. » Témoignage émouvant d’ex-femme battue.
La dernière journée se doit maintenant d’afficher la « vérité judiciaire ».
http://www.google.fr/url?url=http://www.estrepublicain.fr/actualite/2011/10/28/deracine-et-deboussole&rct=j&sa=X&ei=lRmsTqi9FIv74QTe3ZSLDw&ved=0CD8Q-AsoADAC&q=assises&usg=AFQjCNHPbKaI5GzWZh42ez9baDsRRsaZvQ

Comment qualifier pénalement l’acte commis par Badri Smoev qui, après avoir aspergé d’essence son épouse et lui-même, avait allumé son briquet ? C’était la question controversée posée aux jurés de Haute-Saône et du Territoire de Belfort vendredi après midi. Grâce à la présence d’esprit d’un gendarme, les époux Smoev ont réchappé à de très graves brûlures. L’auteur de cette tragédie, un habitant de Lure âgé de 31 ans était, renvoyé devan les assises pour assassinat.
Un homicide volontaire et prémédité qu’il a contesté durant trois jours devant les jurés de Haute-Saône et du Territoire (nos précédentes éditions). L’homme, désespéré parce que sa femme avait décidé de rompre, voulait mourir en s’immolant par le feu sous les yeux de celle qu’il affirme avoir aimé plus que tout. Et si elle aussi s’est embrasée, c’était quasiment accidentel, parce que l’essence qu’il s’est versée sur le corps a éclaboussé, malencontreusement à l’entendre, son épouse.
« Ne vous méprenez pas, c’est un assassin qui est dans le box », a expliqué en substance M e Stéphanie Roubine, partie civile. Non seulement cette thèse accidentelle ne tient pas une seconde pour elle, mais la préméditation est clairement établie. Smoev, qui a déjà proféré des menaces de mort à l’encontre de son épouse, a acheté l’essence avec un sombre dessein. Il est entré dans l’appartement de sa femme avec un double de clé fait à son insu, avant de se cacher dans une chambre en attendant son retour et de passer à l’acte.
Après avoir évoqué le calvaire de la vie de couple de Sandra, femme battue « sous tous les prétextes possibles », l’avocate s’enflamme contre l’accusé, « un lâche qui malgré les preuves accablantes n’a pas eu le courage de reconnaître les faits ».
Sur l’intention criminelle l’avocate générale, Mlle Alexia Koenig, partage ses convictions et argumente. Les deux hommes témoins de la scène, l’adjudant de gendarmerie qui éteindra courageusement « les deux êtres embrasés » et le compagnon de la voisine, ont dit que tous deux étaient trempés d’essence. L’expert, également, qui a examiné les brûlures de la victime, estime que les lésions « sont compatibles avec une imbibition et pas de simples projections accidentelles » de carburant.
Qu’importe, l’accusé ne pouvait en tout cas ignorer « qu’en allumant son briquet, elle risquait de mourir ». Seule nuance avec l’avocate, la magistrate n’a « pas la certitude absolue » que Smoev avait dès le départ de son domicile « prémédité » d’emporter sa femme avec lui dans les flammes. Elle prône une requalification des faits en « meurtre aggravé ». Si les experts psychiatres ont décelé des troubles de la personnalité chez l’accusé, qualifiée de « psychopathique et paranoïaque », ils écartent l’hypothèse d’une maladie mentale, note l’avocate générale, qui requiert une peine de 12 ans de réclusion.
« Il y a une certitude dans ce drame, c’est qu’il voulait mettre fin à ses jours », explique l’une de ses avocats, M e Mélanie Muridi, qui décrit la dégradation de cet « amour fusionnel ». Avec en point de rupture, dans l’esprit de son client, « la décision de divorce prise par Sandra qui fait tout basculer ». Elle décrit un homme qui a tout misé sur elle et qui sombre dans une « dépression majeure ». Sa souffrance n’est pas feinte, ses tentatives de suicide l’attestent. Les témoins l’ont décrit comme « un fou halluciné ». Elle soutient qu’il était, au moment des faits, dans un état de « mélancolie délirante ». Et d’ajouter qu’après son incarcération, les médecins lui ont prescrit des médicaments « pour états psychotiques aigus. Il n’était pas lui-même à ce moment-là ». Son confrère Me Florent Girault est sur la même longueur d’onde, assurant qu’il n’avait pas la volonté « consciente, éclairée, élaborée de donner la mort ». La preuve est à chercher dans le modus operandi, « le feu, l’incendie, l’embrasement qui font de ce geste une affaire exceptionnelle ». L’avocat rappelle que les homicides sont en général réalisés avec des armes blanches ou des armes à feu. « L’immolation, c’est le rituel de suicide des guerriers sans espoir ». Si Smoev a choisi ce « processus horrifique, cette mort lente et terrifiante », c’était pour « montrer à quel point il souffrait ». Et de contester toute intention de meurtre sur son épouse. Pour lui son acte doit être requalifié en « violences ». Mais les jurés, mis à rude épreuve par trois jours d’un procès d’une rare intensité émotionnelle, ont condamné l’accusé pour « meurtre aggravé » à quinze années de réclusion.
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=assises&source=newssearch&cd=3&ved=0CDwQqQIwAg&url=http%3A%2F%2Fwww.lepays.fr%2Fhaute-saone%2F2011%2F10%2F29%2F15-ans-de-prison-pour-avoir-tente-d-immoler-sa-femme&ei=9xmsTpmHMeH54QSmkLHcDg&usg=AFQjCNHx7YPU7NR5MBOCxfLQRJGqkFIR8A&sig2=boN8NQEDDOZVUgWhqKruUg

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