vendredi 25 novembre 2011

Carlos face à l'ex-juge Bruguière: dialogue "entre professionnels"

Face à l'ex-juge Jean-Louis Bruguière, présenté comme son ennemi intime, le "révolutionnaire" Carlos a remisé vendredi ses tirades incendiaires au profit de questions tatillonnes, d'un échange pointu, "entre professionnels", devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Est-ce la lassitude après l'audition durant plus de cinq heures de l'ex-vedette du pôle antiterroriste, d'abord longuement interrogé par les trois avocats de la défense ? Ilich Ramirez Sanchez, 62 ans, n'était pas d'humeur belliqueuse lorsqu'est venu son tour, vers 16h00, de passer le magistrat sur le grill.
Oubliés les qualificatifs de "cocaïnomane", "malade", "agent ennemi" dont il a affublé Jean-Louis Bruguière, 68 ans, depuis le début de son procès. Place à des questions extrêmement pointues de l'accusé qui soulève de nombreux points de détails sur la procédure. Non sans accès de véhémence, mais sans agressivité à l'égard du juge qui a instruit son dossier durant 17 ans.
On y discute circulation d'explosifs entre le Moyen-Orient et la Roumanie, immunité de diplomates syriens en poste à Berlin-Est dans les années 1980 et, comme depuis le début de la semaine, contenu des archives de la Stasi.
"Ils parlent entre professionnels", s'excuse presque Me Isabelle Coutant-Peyre, l'une des avocates de Carlos.
Le hors sujet n'est jamais loin. "C'est le cousin germain de la mère de ma belle-mère", s'éparpille Ilich Ramirez Sanchez, régulièrement recadré par le président Olivier Leurent : "On a déjà fait le tour de la question ... Vous avez déjà expliqué tout ça ... On l'a déjà dit".
Mais après plus de six heures passées à la barre, le témoin-vedette n'est pas pressé de partir et s'offre, à l'issue de son audition, un bref aparté avec un Carlos souriant à travers la vitre du box.
"Dans mon cabinet, les auditions avec M. Ramirez Sanchez se sont toujours bien passées", avait assuré M. Bruguière, même si "sa relecture des dépositions était très longue et minutieuse".
Finalement, l'ancien juge d'instruction, à la retraite depuis 2007, aura eu davantage à en découdre avec les trois avocats de la défense face auxquels il a dû se justifier d'avoir négligé des pistes, interrogé un témoin "fantôme", versé des pièces "illégales" à sa longue enquête sur les quatre attentats imputés à Carlos.
"Vous avez une fâcheuse tendance à occulter des pièces qui ne vont pas dans le sens de votre instruction", lui a reproché Me Francis Vuillemin.
"Allez au bout de la question, a répliqué M. Bruguière, assurant n'avoir "jamais occulté de pièces et de documents dont (il) n'avait pas connaissance".
"Vous avez refusé d'entendre Chirac et d'interroger les services de la SNCF sur les réservations", faites dans "Le Capitole", le train Paris-Toulouse, où une bombe a fait 5 morts en 1982. Carlos et sa défense affirment que l'attentat visait Jacques Chirac, habitué de ce train et alors maire de Paris.
"La cible Chirac n'est pas avérée, a assuré l'ancien juge, assurant avoir vérifié les réservations en question.
Autre grief : s'être rendu en Jordanie pour assister à l'interrogatoire "aveugle" d'un suspect de plusieurs attentats, Ali Al Issawi. "Je répète que nous n'avons pas eu le droit de voir son visage", car il s'agissait d'une exigence des autorités jordaniennes, s'est justifié M. Bruguière à propos de ce témoin qualifié de "fantôme" par la défense. Ali Al Issawi, en fuite, est jugé par défaut devant les assises.
Comme lors de sa première audition devant la cour, mercredi, Jean-Louis Bruguière a dû se justifier d'avoir utilisé comme charges contre Carlos des documents, issus d'archives de la Stasi, sujets à caution selon la défense.

"J'ai cherché à recouper le plus possible les informations relatives aux faits dont j'était saisi".

http://www.lepoint.fr/societe/carlos-face-a-l-ex-juge-bruguiere-dialogue-entre-professionnels-25-11-2011-1400622_23.php

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