Coupable d'avoir tué sa fille de 30 mois à coups de poing, en juillet2007 à Beauvais, Murat Caliskan a été condamné en appel à 20 ans de réclusion.
L'ironie de cette triste histoire, c'est que seul Caliskan avait fait appel l'an dernier, après le verdict de la cour d'assises de l'Oise. À l'arrivée, il ne gagne pas un mois de liberté tandis que Sandré, son ex-compagne et mère de sa fille, qui n'avait rien demandé, passe de 10 à 8 ans de réclusion.
Une fois n'est pas coutume, on retiendra de cette dernière journée d'audience les mots de celle qui a parlé la première, hier : Me Sandrine Makarewicz, partie civile pour la grand-mère maternelle de Sibel.
L'avocate beauvaisienne a marqué les esprits, jusqu'à agacer ses deux distingués confrères Me Berton et Me Delarue, défenseurs de Murat Caliskan. Quand elle prend la parole, on se demande ce que fait son lourd cartable sur une chaise. Elle s'assied.
On craint le malaise. Non : elle mime les gestes de Caliskan le 15 juillet 2007 ; Caliskan une fois de plus exaspéré que sa fille refuse de l'appeler papa. Le cartable, c'est Sibel, 2 ans et demi. Les poings tapent, et tapent, et tapent encore : « C'est de l'acharnement. Dans son ventre, tout est cassé. Il explose tout, Caliskan. Il explose sa petite fille ».
Le jury retient son souffle. Il est dans l'appartement de la ZUP Argentine, il entend la petite gémir, voit ses bras protéger son ventre.
Au-delà de cette émotion, l'appel n'aura pas changé la donne. Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, si Jean-Philippe Rivaud a pris exactement les mêmes réquisitions qu'en 2010 à Beauvais : 20 ans pour le père, 8 pour la mère, tandis que Me Tabart, pour Sandra, revenait sur «les dysfonctionnement du système socio-judiciaire ».
«Ne dites pas qu'il ne l'aimait pas »
Le seul enjeu était finalement, pour Me Berton et Me Delarue, de donner quelque humanité à Caliskan, ce trentenaire trapu aux cheveux noirs et ras, qui ne laisse transparaître aucune émotion, « aucune réaction quand on a projeté l'image du corps de sa fille », relève l'avocat général.
Pourtant, « oui, il l'aimait !, psalmodie Frank Berton. Le lendemain des coups, il s'inquiète d'elle, la prend dans son lit, essaie de lui faire manger du yaourt. Puis il part à la recherche d'un médecin, ne le trouve pas mais ramène du coca et des gâteaux, ce qu'aime la petite. Évidemment, c'est infantile. Évidemment, ils sont dans le déni de la terrible réalité. Mais ne dites pas qu'il ne l'aimait pas ».
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Vingt-ans-confirmes-pour-Caliskan
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