samedi 3 mars 2012

Meurthe-et-Moselle : crime de Perrine Wolff, le procès de l'horreur

Il n’est pas tout à fait 19 h. Un ange passe dans la salle d’assises de Meurthe-et-Moselle. La présidente Marie-Cécile Thouzeau a ordonné la projection des images de la découverte du corps dans une fosse du Lunévillois, le 18 juillet 2009, par les enquêteurs. Les jurés matérialisent le crime de Perrine Wolff. Prennent toute la dimension de l’horreur, comme glacés d’effroi. Certains se hasardent à jeter un coup d’œil oblique vers Emmanuel Burtin qui, dans le box, se tamponne les yeux.
Les policiers sont déjà venus livrer les éléments d’enquête, la mystérieuse disparition de Perrine, le 3 juillet, les soupçons qui les ont conduits vers son amant, le sergent-chef de la caserne Joffre. « Tous deux vivaient une relation chaotique depuis trois ans. Après un dernier ultimatum, Perrine voulait qu’il quitte sa compagne, mère de deux de ses trois enfants, elle avait décidé de tourner la page ». Ils n’ont rien épargné des dents fracturées post-mortem pour éviter l’identification du corps et même du viol commis après la mort. Mais le poids des images du cadavre en position quasi fœtale, le visage mutilé et incliné, semble plus fort que toutes les descriptions.
Un peu plus tôt dans l’après-midi, le rapport du médecin légiste a bousculé la version de la tentative du suicide commun donnée par Emmanuel Burtin depuis le début de l’instruction. À bout, le couple aurait décidé d’en finir. Lui comme elle. Lui, cependant, manquant de courage au dernier moment.
Le décès de Perrine, 32 ans, est bien « dû à un arrêt cardiaque réflexe, compatible avec une strangulation », a précisé la praticienne.

« Il y a eu autre chose »

En revanche, elle ne parvient pas à expliquer les traces que dit avoir essuyées Emmanuel Burtin dans la maison de Perrine à Essey-lès-Nancy, quelques minutes après le drame. Traces de sang mises en exergue par le bluestar des hommes de l’identité judiciaire. Des tâches non pas laissées au point de chute indiqué. Mais plus loin, sur la trajectoire du corps traîné au sol.
« L’arrêt cardiaque a-t-il pu intervenir plus tard ? », interroge un assesseur. La réponse de l’expert est implacable : « Non, ce réflexe est immédiatement consécutif à la manœuvre d’étranglement ». « Le sang peut-il venir des deux ecchymoses présentes sur le front de la victime ? », questionne à son tour la présidente.
Même dénégation du médecin légiste. « Ca ne colle pas. S’il y a eu du sang, c’est avant l’étranglement et cela provient d’une plaie », tranche-t-elle une bonne fois pour toutes. Une plaie qu’elle n’a cependant pas pu localiser, eu égard à l’état de décomposition avancé. « Alors, il y a eu autre chose, avant la scène décrite par M. Burtin », jubile M e François Robinet l’avocat des parties civiles.
La présidente se tourne vers Emmanuel Burtin : « Que s’est-il passé exactement ? ». « Rien. Avec une éponge, on étale, c’est la traînée de l’éponge, point », s’entête l’accusé défendu par M e Massé. Beaucoup plus prolixe sur des points de détail…
Suite des débats lundi.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/03/03/la-these-du-suicide-s-effondre

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