jeudi 12 avril 2012

Justice : faire payer le meurtrier de son fils

Onze ans après le décès à Fouesnant (29), la Larmorienne Roselyne Coutiez recherche le meurtrier de son fils afin qu'il règle la somme que la cour d'Assises lui a octroyée en 2006.
Roselyne Coutiez est une femme pugnace. Qui ne lâche rien. Elle l'avait déjà prouvé en 2006 lorsque, cinq ans après le meurtre de son fils à Fouesnant, elle était montée au créneau pour «réveiller» son dossier. Multipliant les courriers au tribunal, au secrétariat d'État aux Droits des victimes, à Nicolas Sarkozy ou au ministère de la Justice. Le 11août 2001, une rivalité sur fond d'histoires de filles entre deux bandes de jeunes vacanciers lillois et parisiens avait dégénéré au Cap-Coz à Fouesnant. François Copin, 22 ans, avait succombé aux coups de couteau porté par un jeune banlieusard parisien, interpellé le lendemain dans le Val-de-Marne.

Libre depuis fin 2008

Sans que l'on comprenne vraiment pourquoi, même si la libération du mis en examen après 18mois de détention provisoire avait rendu le dossier moins prioritaire, l'affaire avait végété cinq ans à l'instruction. Déjà une épreuve pour la maman qui avait difficilement accepté que le meurtrier de son fils comparaisse libre à l'audience. En novembre2006, le verdict de la Cour d'
assises du Finistère tombe: huit ans de prison. Et 10.000€ d'intérêts civils à Roselyne Coutiez. Deux ans plus tard, en appel, la somme est doublée. La moitié, versée par le fond de garantie des victimes d'infraction, lui sert à régler les honoraires d'avocat. «Pour l'autre moitié, on m'a dit que je ne pouvais la toucher que lorsqu'il serait sorti de prison. Je devais être tenue au courant». Sauf que la Larmorienne apprend en juin2010 que le banlieusard parisien est libre depuis décembre2008, au bénéfice de sa détention préventive et d'un aménagement de peine. Nouveau coup de massue. «Pas cher payé», peste la retraitée.

Une lettre aux parents du meurtrier

Plus par principe, «pour tourner la page», que par appât du gain,
Roselyne Coutiez veut qu'il paie. Au propre. Seul hic, elle ignore où il se trouve. Difficile dès lors de mandater un huissier pour réclamer son dû. Des dizaines de courriers et plusieurs contacts avec des juges d'application des peines, à Melun (77), Evry (91) ou Chartres (28), n'y ont pour l'instant rien changé. Chacun se refuse à lui communiquer l'adresse. Jusqu'au juge délégué aux victimes, institué par un décret de 2007 pour veiller au respect de leurs droits et recueillir les réclamations de celles qui éprouvent des difficultés à recouvrer leurs dommages et intérêts. La mère de François Copin a même écrit aux parents du meurtrier. Mais ces derniers ont déménagé. Elle sait juste qu'il serait au chômage et aurait commencé à rembourser la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (Civi). «Mon fils, le dossier oublié et maintenant ça. Cela fait deux ans que je me bats et j'irai jusqu'au bout. J'ai cru comprendre que je n'avais que jusqu'en novembre2012 pour réclamer cette somme. Je me sens à nouveau victime. Je ne dois certainement pas être seule dans ce cas. Imaginez ceux qui ne savent pas se débrouiller, je suis sûre qu'ils abandonnent. Le meurtrier, on s'en est occupé, mais moi? Ça fait mal».

«S'armer de patience»

Roselyne en veut à beaucoup de monde. De la Civi, qu'elle n'arrive pas à joindre, à son avocate qu'elle soupçonne de s'être servie dans l'argent déjà versé par la commission d'indemnisation. «J'ai simplement touché les honoraires définis dans la convention que nous avions signée ensemble pour le travail effectué», se défend l'avocate quimpéroise. Me Daoulas comprend en revanche le courroux de son ancienne cliente. «C'est un problème que beaucoup de victimes connaissent. Des sommes sont prononcées par la Cour d'
assises mais c'est l'accusé qui les doit. Et pour cela, il faut qu'il soit solvable ou que l'on sache où il se trouve. Un solde est dû mais la difficulté, c'est l'exécution. Il faut s'armer de patience, cela peut finir par arriver».
http://www.letelegramme.com/local/morbihan/lorient/ville/fouesnant-29-justice-faire-payer-le-meurtrier-de-son-fils-12-04-2012-1667328.php

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