mercredi 23 mai 2012

Et au petit matin Julien est parti avec Clélia, que plus personne n'a revue vivante...

Tout au bout d'une journée bien longue, Julien est de nouveau debout, dans le box de la cour d'assises. ...

Il a été maintes fois attaqué, jusque-là. Par les parents de Clélia, venus à la barre dire qu'ils sont désormais intimement convaincus qu'il a tué leur fille par Luc Frémiot, l'avocat général, également, qui ne laisse toujours pas passer le moindre indice par ce que l'on vient de voir, aussi : des clichés du corps de son ex-petite amie, le visage fracassé, flottant sur la Deûle.
Et maintenant, c'est la présidente qui le regarde bien droit dans les yeux... Sophie Degouys ne se départit pourtant pas de cette manière de douceur avec laquelle elle pose chacune de ses questions. Ce qui la rend peut-être redoutable : on ne la voit pas venir... En tout cas, personne ne pourra lui reprocher d'avoir malmené Julien Sailly. Elle veut juste comprendre une chose bien précise. Attentive, elle laisse d'abord dérouler le récit du jeune homme, que toute la salle écoute dans un profond silence.
Nous sommes au petit matin du dimanche 17 février 2008. Clélia est sortie au Flibustier, rue Gambetta à Lille, et elle a appelé Julien pour qu'il vienne la chercher pour la raccompagner. Il est à peu près 4 h. Mais à peine les deux jeunes gens sont-ils montés dans la Twingo que Clélia reçoit un texto de Priscillia, une de ses amies : « Je sors avec Julien. » Faustine, qui est assise à l'arrière, dit que son amie est énervée - « C'est normal », croit-elle utile de préciser. « Il y a un échange de baffes, puis ils se sont calmés. »

« Il n'y a plus d'autre témoin que vous »

Et ils ont déposé Faustine à Haubourdin, vers 4 h 20, avant de repartir à Erquinghem-le-Sec. « Maintenant, il n'y a plus d'autre témoin que vous, M. Sailly. C'est vraiment fondamental. » Sophie Degouys met une gentille pression. Il faut dire que le jeune homme hésite. Ils ont roulé, se sont arrêtés devant la maison de Clélia, puis sont repartis, allant au hasard pour « s'expliquer »... Mais il ne sait plus s'il y a eu d'autres gifles... « Elle était en pleurs. C'est normal, je me mets à sa place... » D'autant que Priscillia, l'autre prétendante, ne lâche pas l'affaire. « Je recevais des textos tout le temps. Un moment, je me suis arrêté, à Sainghin-en-Weppes, pour répondre à Priscillia. » Et Clélia serait restée dans la voiture, alors. Voilà qui intrigue la présidente. Julien continue : « Priscillia voulait savoir si j'étais avec Clélia. J'ai menti, raconté que j'étais avec mon oncle et je lui ai dit, si elle ne me croyait pas, d'appeler Clélia. » La présidente est cette fois interloquée : « Mais si elle l'avait eue au téléphone, Clélia aurait dit qu'elle était avec vous ! » « J'ai pris le risque », répond l'autre. Et Priscillia viendra dire cet après-midi qu'elle a bien essayé, mais que Clélia n'a pas répondu. Personne ne le dit encore, mais la thèse de l'accusation est que si elle ne répond pas, alors, c'est qu'elle ne le peut déjà plus. Or, Julien dit qu'il est ensuite remonté dans sa voiture et qu'il a déposé Clélia à l'entrée d'Erquinghem, à deux pas de chez elle. Il y a quelque chose qui ne colle pas, là. On y revient aujourd'hui...

http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2012/05/23/article_et-au-petit-matin-julien-est-parti-avec.shtml

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