mercredi 2 mai 2012

L’hôpital condamné après une erreur de diagnostic

On lui avait promis un combat long, difficile, perdu d’avance. Mais elle a tenu bon. Et, aujourd’hui, Jenny Thomas, 28 ans, peut enfin souffler un peu. La cour administrative d’appel de Douai (Nord) vient de reconnaître la responsabilité de l’hôpital de Beauvais dans la de sa fille Lola, en 2005. L’interne de service n’avait pas diagnostiquIl n’avait pas pris connaissance des résultats d’analyses, pourtant alarmants. Déboutée en première instance par le tribunal administratif d’Amiens (Somme) en 2010, la jeune mère avait fait appel. « Si j’ai tenu, c’est pour ma fille », précise-t-elle tristement.

Les années ont passé, mais Jenny se souvient dans le moindre détail de cette journée du 2 mars 2005. Ce matin-là, dans l’appartement de Bresles, la petite Lola se réveille vers 7 heures. « Elle n’était pas comme d’habitude, raconte Jenny. Elle avait le teint pâle, le regard fixe. » Aucun pédiatre ne pouvant la recevoir, Jenny appelle le Samu. Il est un peu plus de 11 heures quand elles arrivent à l’hôpital de Beauvais. Lola a plus de 40 oC de température. « Un interne a examiné ma fille et a prescrit une série d’examens, poursuit Jenny. Il est parti déjeuner en me disant que les résultats devaient être connus dans l’heure. » L’interne de l’après-midi reprend le dossier. Il annonce que Lola souffre d’une infection urinaire et lui prescrit du Doliprane et de l’Advil. Sans avoir pris connaissance des résultats des examens. La mère et sa fille rentrent à la maison vers 14h30. Jenny met Lola au lit. Mais, en fin d’après-midi, son état s’est détérioré. « Elle avait des tâches violacées sur tout le corps, poursuit Jenny. Là, j’ai compris que c’était grave. » Avec le papa, elle se précipite à l’hôpital. L’interne de l’après-midi est toujours de service. « Il a vu ma fille, a touché sa peau et m’a dit : Je crois bien qu’on a affaire à une méningite. » Tout s’accélère. La petite est plongée dans un coma artificiel. A 4 heures du matin, elle est transférée au CHU d’Amiens (Somme). Les médecins diagnostiquent un Purpura fulminans, une infection très grave. Il est trop tard : Lola décédera à midi.

Pour la cour d’appel, il y a bien eu faute de l’hôpital de Beauvais. « Un expert mandaté pour l’enquête a assuré que les résultats étaient sur le serveur de l’hôpital dès 13h10. L’interne aurait pu en prendre connaissance dès ce moment-là et diagnostiquer la méningite. Même s’il n’avait pas les résultats : c’est une faute de ne pas avoir cherché à les avoir », souligne Me Naldi Varela Fernandes, qui défend Jenny Thomas.

Car parmi ces résultats, figure le taux de procalcitonine (PCT), qui permet de détecter les infections bactériennes ou virales. Celui de Lola est vingt fois supérieur à la normale. « Si la méningite avait été prise à temps, Lola avait entre 70% et 80% de chances de s’en sortir sans aucune séquelle », poursuit l’avocate. L’établissement a été condamné à verser des dommages et intérêts aux parents de Lola. « Des sommes dérisoires », assure Jenny, qui ne souhaite pas en révéler le montant, « car ce n’est pas ça l’important ». Elle a prévu de reverser la totalité de l’argent à des organismes qui aident la recherche médicale. « J’espère surtout que cette histoire permettra d’aider d’autres victimes d’erreurs médicales », glisse-t-elle pudiquement. 


http://www.leparisien.fr/beauvais-60000/l-hopital-condamne-apres-une-erreur-de-diagnostic-02-05-2012-1980722.php

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