mardi 3 juillet 2012

Accusée de squatter la maison de maître d’un octogénaire affaibli

« Cet homme était une proie tout indiquée pour cette femme sans scrupule. Elle était prête à tout pour profiter de la situation. » La substitut Virginie Maggio n’a pas eu de mots assez durs, hier, lors du procès pour « abus de faiblesse » et « escroquerie » de Sonia Jendoubi Manguelin, « qui n’a même pas daigné comparaître ». Elle a dénoncé le véritable « viol psychologique et matériel » dont est victime Pierre Gouillon depuis deux ans.
Depuis son séjour à l’hôpital en février 2010, cet ancien industriel âgé de 87 ans est victime d’un « coucou qui a fait son nid chez lui » comme l’a résumé son avocat, Jean-Michel Portal.
En 1973, il avait acquis cette luxueuse maison de maître de 500 m² sur trois niveaux avec 2 500 m² de terrain, ainsi qu’une dépendance comprenant une piscine intérieure. Le tout richement meublé par ce collectionneur d’art.
En 2005, une pimpante quadragénaire sonne à la porte. Sonia Jendoubi Manguelin est à la tête d’une petite entreprise de zinguerie et se propose pour refaire le toit. Pierre Gouillon ne donne pas suite. Mais en 2006, à la mort de son épouse, il la contacte pour des fuites dans le toit. « Elle a alors patiemment tissé sa toile », explique M e Portal. Le papi étant isolé, sans famille proche, elle lui rend des services, l’invite même chez elle. Et l’octogénaire n’aurait sans doute pas été insensible à ses charmes.
Elle tente de se pacser avec lui, puis de se faire adopter. Sans succès. Elle fait licencier la bonne. « Cette mante religieuse l’isole et se rend indispensable », constate l’avocat lyonnais.
Et début février 2010, elle débarque avec une bouteille de champagne et un gâteau d’anniversaire, et lui fait signer deux papiers sur son lit d’hôpital. Elle y obtient la jouissance de la maison, promet de s’occuper de lui jusqu’à la fin de ses jours et de payer toutes les charges de la maison, ce qu’elle ne fera jamais.
Elle tente sans succès de faire valider les documents par un notaire. À son retour, Pierre Gouillon ne peut plus rentrer chez lui, il est relégué dans la dépendance. Malgré les mises en demeure, rien n’y fait. Les rapports se dégradent. Les insultes, les humiliations suivent. Sa maison de maître est pillée comme en attestent des constats d’huissiers de 2010 et 2012, et se dégrade lentement. Des retraits de 600 euros sont même effectués en juillet 2010 avec sa carte bancaire. Sonia Jendoubi nie, mais elle est filmée par la caméra du distributeur.
Pourtant, le médecin est formel : le papi, abruti de médicaments, était « désorienté » quand il a signé les papiers. « Dans un état de faiblesse absolu », ajoute même l’expert psychiatre.
« Si vous voulez tout savoir, au début je voulais une relation amoureuse avec elle. Mais elle m’a baratinée », a admis le papi à la barre, avant de déplorer : « J’avais une maison sensass’, maintenant c’est un taudis. »
Un homme qui vit depuis 2010 dans « la terreur » ont témoigné un voisin et un ami.
Virginie Maggio a requis « une peine sévère » contre Sonia Jendoubi Manguelin, dix-huit mois de prison dont neuf avec sursis et mise à l’épreuve.
Mais M e Couturier a plaidé sa relaxe, arguant des « relations amicales voire familiales » qui ont existé, de « services réciproques », et dénonçant une expertise de l’état de santé de l’octogénaire effectuée un an après.
Le tribunal aura pourtant été au-delà des réquisitions. La prévenue a été condamnée à deux ans de prison dont dix-huit mois avec sursis et mise à l’épreuve. Avec interdiction de résider à Jujurieux. Elle devra verser 54 200 euros au titre du préjudice matériel et moral.

http://www.leprogres.fr/ain/2012/06/27/accusee-de-squatter-la-maison-de-maitre-d-un-octogenaire-affaibli

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