mardi 4 décembre 2012

Procès Mahé : MAM et un ex-général attendus à la barre

Le procès à Paris de 4 anciens militaires français de la force Licorne, accusés du meurtre de l'Ivoirien Firmin Mahé, est suspendu au témoignage ce mardi de leur ancien commandant, le général Poncet. Est également attendue à la barre, l'ex-ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie.
C'est un témoignage très attendu. Celui du général Henri Poncet, ancien patron de la force Licorne en Côte d'Ivoire. Il sera entendu ce mardi par la cour d'assises de Paris où sont jugés depuis le 27 novembre quatre anciens militaires qu'il avait sous ses ordres, pour le meurtre présumé d'un Ivoirien. Le 13 mai 2005, Firmin Mahé, 29 ans, avait été étouffé avec un sac plastique alors que, blessé par balle à une jambe, inconscient, entravé, il était transporté dans un blindé français de la localité de Bangolo vers la ville de Man, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.
Jeudi dernier, devant la cour, le colonel Eric Burgaud, debout près de ses trois co-accusés et anciens subordonnés, a reconnu avoir lui-même transmis l'ordre fatal à ses hommes. Au début de l'enquête, il avait nié. Mais au fil de ses auditions, il avait reconnu avoir menti, tout en affirmant avoir lui-même entendu le général Poncet, alors commandant de la force Licorne, lui dire à propos du transfert de Mahé vers Man : "roulez doucement... vous m'avez compris". "L'ordre, je l'ai compris comme tout le monde", a dit le colonel. Il ne fallait pas que Mahé arrive vivant. "Je n'ai pas eu le courage moral de m'opposer au général Poncet", a-t-il regretté devant la cour.
Non lieu définitif pour le général Poncet
A 63 ans, retraité de l'armée d'active depuis 2007, le général Poncet a reçu un blâme pour avoir lui aussi cautionné une version officielle et fausse de la mort de Mahé - des suites de ses blessures. Il a, en revanche, été mis hors de cause dans l'enquête pénale. Mis en examen au début de l'instruction, il a nié catégoriquement avoir prononcé la phrase fatidique et a bénéficié d'un non-lieu, qui est aujourd'hui définitif. Quoiqu'il arrive au procès, "il ne risque rien", a rappelé l'avocat du colonel Burgaud, Alexis Gublin, dont le client encourt trente ans de réclusion criminelle. De cette audition du général, le colonel a dit n'attendre qu'une chose : "Peut-être qu'il dira ‘j'ai donné l'ordre'... Il a nié. Je l'ai fait aussi ".

L'ancienne ministre de la Défense à l'époque des faits,
Michèle Alliot-Marie, est également attendu à la barre mardi après-midi. Lundi, la famille et des proches de Firmin Mahé sont venus dire qu'il n'était pas un bandit, contrairement à ce que prétendent les militaires français. Ces derniers affirment qu'ils avaient la preuve que Mahé était un "coupeur de route", un bandit dépouillant, violant et tuant les populations, et que la situation était telle à l'époque en Côte d'Ivoire qu'il aurait échappé à la justice. Après sa mort, les exactions se sont arrêtées, disent-ils. Le verdict est attendu vendredi.
 

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