Son amie était partie et Xavier ne l'a pas digéré. Ce récidiviste des violences conjugales a été condamné à 20 mois de prison.
XAVIER n'est pas du genre à mijoter dans ses torts. Vendredi, il était dans le box, jugé en comparution immédiate pour avoir maltraité Émilie, son ancienne amie. C'était la troisième à subir les foudres de cet homme tout juste trentenaire et à la silhouette fine et athlétique. Cela faisait un peu plus d'un an qu'ils vivaient sous le même toit, à Sedan.
Mi-novembre, Émilie est partie. Et Xavier, qui manquait d'une explication de texte, ne l'a pas supporté. Le 21 novembre, il a filé à la boutique où son « ex » était en stage. En l'insultant, il l'a violemment poussée dans la réserve. Émilie, qui dénonce également des coups de poing, a eu cinq jours d'ITT. Xavier, souriant de frustration et du sentiment écrasant d'être observé, nie : « Oui j'ai pété mon câble et je l'ai jetée par terre mais je ne l'ai pas frappée ».
Le second épisode a eu lieu le 3 décembre. Xavier est venu jusqu'à l'immeuble d'Emilie et a fini par la voir en compagnie d'un garçon. Là encore, les versions divergent. « Je voulais des explications », assure-t-il. Émilie, ainsi qu'un témoin, racontent une tout autre scène : le prévenu aurait « surgi », attrapé Émilie par le cou avant de la menacer avec un couteau : « Si tu me quittes, je vais te crever ». Quinze jours d'ITT pour la jeune femme encore tremblante à l'audience. Le suspect est interpellé trois jours plus tard.
L'existence de Xavier semble rongée par l'amertume. À propos d'un ancien employeur, il a ces mots : » Ils m'ont fait faire toute la merde pendant des semaines et après ils m'ont jeté ».
Ce natif de Châlons-en-Champagne possède un niveau BEP et touche les indemnités chômage. A son sujet, un expert psychiatre a une formule plutôt fainéante : « Il n'est pas psychopathe mais peut le devenir ». Faussement désinvolte, Xavier s'admet « impulsif » et « possessif ». Avant, maladroitement, de rejeter une partie des torts sur sa victime : « Je fumais quatre-cinq joints par jour, voire plus. Mais c'est toujours elle qui roulait ! »
« Contre-vérités »
L'avocate de la victime évoque « la personnalité inquiétante » du prévenu. La substitut du procureur fustige ensuite un homme « grossier, brutal et violent » par un « dépit amoureux ». Rappelle qu'il est en état de double récidive pour ce genre de faits. Et requiert 38 mois de prison, dont 26 ferme avec mandat de dépôt et les interdictions de circonstances : ne pas entrer en contact avec Émilie, etc.
L'avocat de la défense pointe les « contre-vérités manifestes » entre certificats médicaux et récit de la victime. Met en doute l'utilisation d'un couteau de la part de son client : « La description initiale donnée par la victime ne correspond pas avec l'arme saisie chez le prévenu ». Résume la génèse d'un différend conjugal tristement banal : « Ce que voulait (Xavier), c'était savoir ce qu'il en était. Souvent, dans les relations amoureuses, le pire est de ne pas savoir […] Pour lui, des soins apparaissent bien plus nécessaires que la prison ».
Invité à prendre une dernière fois la parole, Xavier s'excuse trop rapidement et l'air résigné, lâche : « Ce problème de comportement, je l'ai depuis que je suis gamin ». A l'issue du délibéré, la présidente et ses deux assesseurs condamnent celui qui n'avait encore jamais connu la prison, à 38 mois de prison, dont 20 ferme. L'indemnisation de la victime sera décidée ultérieurement. « Vous partez dès maintenant à la prison de Châlons-en-Champagne car à la maison d'arrêt de Charleville-Mézières, ils sont surpeuplés en ce moment », conclut la présidente.
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/quitte-il-a-encore-craque
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