mercredi 9 janvier 2013

Pension alimentaire : dix ans de retard

Un père de famille ne versait plus sa contribution depuis près de dix ans. Il a été condamné, ce lundi, à régler trois ans d'arriérés, le reste des faits étant prescrits.
Olivier, solide quinquagénaire aux cheveux grisonnants, se trouve tout penaud devant le tribunal de Soissons. « Est-ce que vous avez payé votre pension alimentaire ? », interroge la présidente. « Je ne pouvais pas… », souffle Olivier.
La magistrate s'adresse alors à l'ex-femme de cet ancien Soissonnais : « À quand remonte la dernière fois qu'il a réglé la contribution ? » La mère des deux enfants soupire : « Il y a bien longtemps. » Après réflexion, elle précise : « 2001 ou 2002. »
Depuis près de dix ans, Olivier n'a pas versé un centime pour la pension alimentaire, dite « contribution à l'entretien et l'éducation des enfants ». À tel point que la justice a dû le condamner, en octobre dernier, à un an de prison ferme, et le placer sous contrôle judiciaire jusqu'à l'audience qui s'est déroulée lundi. « Je sais que ce que j'ai fait n'est pas normal », confesse-t-il à la barre.
Divorcé de la mère de ses deux enfants depuis 1995, Olivier a aujourd'hui refait sa vie dans le Sud de la France, après moult galères. Ses enfants ont aujourd'hui une vingtaine d'années et résident toujours dans l'Aisne.

Des années difficiles
Après plusieurs années au RSA, le père de famille vivote depuis quelques mois en tant que commerçant sur les marchés. « Il faut prendre la juste mesure des choses, commente son avocat, Me Rudy Blanchard. Nous gérons aujourd'hui la misère du monde. Mon client a tellement eu de difficultés après la perte de son emploi, que c'est sa mère qui subvenait en partie à ses besoins. » Les avis d'imposition du prévenu l'attestent.
Il n'empêche, selon le ministère public, « Monsieur était tenu de payer. Madame n'a rien perçu depuis près de dix ans, c'est intolérable. »
Outre l'aspect financier, pourquoi Olivier n'a-t-il pas cherché une autre solution ? « Il n'avait plus confiance en la justice », explique Me Blanchard, car Olivier a eu aussi des difficultés à voir ses enfants : les billets de trains qu'il envoyait en recommandé à son ex-femme n'étaient pas utilisés, son ancienne épouse est difficilement joignable au téléphone, etc. Le quinquagénaire a d'ailleurs porté plainte pour non-présentation d'enfant.
Une demande classée sans suite…
Même si le tribunal a retenu ces « nuances », il n'en a pas moins condamné Olivier. Sa peine d'un an de prison ferme a été transformée en prison avec sursis mis à l'épreuve. Il a l'obligation de travailler, de régler les pensions non versées de 2007 à fin 2009, et de justifier du paiement des futures mensualités.
Heureusement pour Olivier, il va bientôt toucher un petit héritage. Si ses enfants en profitent, il parviendra peut-être à prouver sa bonne foi.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/pension-alimentaire-dix-ans-de-retard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire