Hasard du calendrier, les juges d'instruction bordelaises Cécile Ramonatxo et Valérie Noël ont rendu leur ordonnance de mise en accusation devant la cour d'assises trois ans jour pour jour après la mort de Thierry Franchetto.
Le 5 mars 2010, Thierry Franchetto, négociant en automobiles à Laroque-Timbaut, dans le Lot-et-Garonne, est tué de cinq balles de calibre 7,65 mm tirées en pleine tête, par-derrière, alors qu'il se trouve au garage Étoile 47 à Colayrac-Saint-Cirq, près d'Agen. Il devait y rencontrer Stéphane Rouffiac, un agent commercial qui lui devait de l'argent. Que s'est-il passé entre les deux hommes ? La question est longtemps restée sans réponse car, dans cette affaire, les principaux suspects ont multiplié les versions. Les magistrats instructeurs de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Bordeaux, en charge de ce volumineux dossier, ont cependant établi que Stéphane Rouffiac, 46 ans, est à l'origine de la mort de Thierry Franchetto. Les juges ont retenu la préméditation ou le guet-apens et décidé de le renvoyer devant un jury d'assises pour assassinat.
L'Agenais Jacques Pérez a reconnu avoir aidé, à la demande de Stéphane Rouffiac, à enterrer près d'un poulailler désaffecté le corps de Thierry Franchetto, retrouvé dix jours plus tard, dans la campagne voisine. Il devra répondre de complicité d'assassinat et est également poursuivi pour avoir fait disparaître le véhicule utilitaire de la victime en y mettant le feu à Saint-Pantaléon, dans le département du Lot. Les deux protagonistes présumés sont respectivement en détention provisoire depuis mars 2010 et avril 2011.
Jean-Paul Perret, troisième suspect, a admis avoir donné un coup de main à Stéphane Rouffiac pour creuser le trou de 1,20 mètre de profondeur ayant servi à dissimuler le cadavre. Il devra répondre de non-dénonciation de crime aux autorités judiciaires. Tous, à ce stade de la procédure, bénéficient toujours de la présomption d'innocence.
Des versions peu crédibles
« Nous allons peut-être enfin connaître la vérité lors du procès », soupire Sophie Geslin, l'épouse de Thierry Franchetto. La voix émue, elle sort de sa réserve et raconte « l'enfer » vécu depuis trois ans. « On a sali mon mari, ma vie, celle de mes enfants, alors que nous sommes des victimes dans cette affaire. Nous n'avons rien à voir avec cet homme qui a commis une exécution barbare et inventé différents scénarios pour tenter de s'en sortir. » Me Arnaud Dupin, avocat de Sophie Geslin, partie civile, évoque « la préparation, la froideur du geste qui ont servi à éliminer un être généreux, profondément humain ».
Lors des investigations, Stéphane Rouffiac a rapidement été soupçonné par les gendarmes de la section de recherches d'Agen qui ont découvert des traces de nettoyage sur le sol devant le garage Étoile 47 et des souillures au fuel. En garde à vue, il a évoqué la thèse de deux hommes qui lui avaient rendu visite, dont un « de type espagnol » voulait « s'occuper du cas » Thierry Franchetto. Les juges, dans leur ordonnance, mettent à mal la crédibilité des déclarations de Stéphane Rouffiac. Ce dernier devait 50 000 euros à Thierry Franchetto. « Pour moi, l'argent n'est pas le mobile car il n'avait pas la pression pour nous le rendre », confie Sophie Geslin. Alors, pourquoi est-il mort ? La cour d'assises de la Gironde pourrait y répondre d'ici à la fin de l'année.
http://www.sudouest.fr/2013/03/08/renvoyes-aux-assises-987985-7.php
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