vendredi 17 mai 2013

Abattue comme un lapin... pour une batterie déchargée

La vie ne tient pas à grand-chose. Celle de Monique Maillet, 67 ans, retraitée de la police nationale, a basculé en décembre 2010 pour un motif aussi futile qu'une histoire de batterie déchargée… Elle avait mal fermé la portière du véhicule, laissant le plafonnier et la radio allumés toute la nuit.
« Je suis Michel Maillet […] Je viens de tuer ma femme avec mon fusil […] Je l'ai flinguée dehors. Elle est dans le caniveau […] Elle est dans la neige […] Faut aller chercher le macchabée […] Je l'ai tuée pour une histoire à la con […] ». La voix est embrouillée. Il est 18 h 20 ce 27 décembre 2010 lorsque les gendarmes de Châlons-en-Champagne reçoivent l'appel d'un homme, visiblement ivre, qui affirme avoir abattu sa femme avec son fusil de chasse.
De cet appel, Michel Maillet, un Châlonnais de 66 ans, retraité de la marine, ne s'en souviendra pas le lendemain matin. L'expert psychologue y verra une sorte « d'amnésie sélective ».
« J'avais bu… et j'avais pris mes médicaments pour dormir. Je voulais me calmer. Je voulais me coucher ». L'homme est frustre, bourru. Il n'émet aucun regret, aucun affect, comme si cela ne le concernait pas, lorsqu'il livre le scénario d'une dispute qui se révélera fatale pour son épouse.
Une froideur déconcertante
« On s'était disputé l'après-midi… à cause de la batterie. Ça m'avait énervé. Je suis parti dans la chambre. J'étais couché, elle est venue me trouver avec le fusil. Quand elle est entrée, je lui ai sauté dessus. Ça m'a rendu fou… Je savais pas ce qu'elle allait faire. Le coup est parti dans le plafond… ».
Monique Maillet sera retrouvée vers 19 heures gisant dans un fossé, à quelques mètres du domicile conjugal, à Châtillon-sur-Broué, un petit village situé à une trentaine de kilomètres de Vitry-le-François… abattue de deux coups de fusil dans le dos.
Il était 18 heures en cette funeste soirée de décembre 2010. La route était couverte de neige. Monique était en panique… Elle était en claquettes dans la neige, un fusil à la main… Au milieu de la route. Elle a arrêté le premier véhicule qui passait, un utilitaire C15 à bord duquel se trouvait un couple de personnes âgées.
Il la traque
« Elle disait que son mari voulait la tuer. Elle voulait que je décharge le fusil. Je l'ai fait. Il y avait deux cartouches… Je lui ai rendu l'arme. C'est à ce moment-là qu'il est sorti de la maison. Il était en slip… Il a tiré sur la voiture. Avec ma femme, on a eu peur. On a redémarré… On a entendu une autre détonation ». Pris de panique le couple n'a eu d'autre choix que de fuir, abandonnant Monique, alors traquée par son conjoint.
Chasseur aguerri, il dira au psychiatre « j'ai bien visé. Je suis un bon chasseur », il s'était muni d'une autre arme, un fusil de chasse à canon lice, calibre 12. Il avouera être parti à « sa recherche », comme on traque un gibier. « La première fois, j'ai tiré dans la voiture… Je l'ai ratée. Je me suis rapproché et j'ai tiré une nouvelle fois. J'étais tellement en colère que je réfléchissais pas. J'étais pas clair… ».
L'expert légiste va décrire un premier tir à distance. La partie gauche du thorax de la victime était criblée de plombs de chevrotine. Une décharge qui lui coupera notamment la colonne vertébrale. Le second tir laissera un seul impact mortel. Ce qui présuppose un tir à moins de 1,50 mètre…
Michel Maillet affirme avec force n'avoir tiré qu'à deux reprises, une fois sur la voiture, une fois sur sa femme à une vingtaine de mètres seulement. Monique Maillet a pourtant été abattue de deux coups de fusil, dont l'un presque à bout portant. De là à dire qu'il a rechargé l'arme pour l'achever… C'est l'une des questions à laquelle le jury de la cour d'assises aura à répondre.
Le verdict est attendu dans la journée.

http://www.lunion.presse.fr/article/marne/abattue-comme-un-lapin-pour-une-batterie-dechargee

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