"Tu vois, ce que tu entends c'est le bruit de la pelle dans la terre, je suis en train d'enterrer ton mari". Lorsque la belle-sœur d'Ahmed a reçu ce coup de téléphone, le 23 juin dernier à 20 h 45, son sang s'est glacé de la tête au pied. Cela faisait une heure et demie que son mari était parti avec Ahmed, ce soir-là, pour une explication de famille.
Hier, Amhed comparaissait détenu, entouré de deux gendarmes, au tribunal. Il devait répondre de violences conjugales sur son épouse - qui a retiré sa plainte - de menaces de mort répétées et autres dégradations sur une période d'avril à juillet dernier. Ce fameux soir du 23 juin, son épouse est partie se réfugier chez sa sœur à Narbonne après une dispute, elle a peur. Le prévenu veut voir sa femme. L'explication se fera d'homme à homme dans la voiture en bas de l'immeuble avec le beau-frère. "Quelle intention aviez-vous pour partir vers Vinassan sous le pont de l'autoroute ?", a interrogé la présidente Sylvie Duez. Pas de réponse d'Ahmed.
Un couteau de 30 centimètres
La lecture du dossier fait froid dans le dos. "Vous avez stoppé la voiture, a repris la présidente, vous avez pris un couteau de 30 centimètres de la boîte à gants. Vous êtes sorti avec votre beau-frère à l'extérieur. Vous lui avez maintenu les épaules avec vos pieds et lui avez mis le couteau sous la gorge". Le prévenu : "Sur le Coran, je jure que non". La présidente n'en démord pas. L'entaille et la marque au cou constatées par les gendarmes et par le médecin sont formelles."Vous dîtes qu'il a menti sur tout ? Alors comment ça s'est produit ?" Pas de réponse. A la barre, l'épouse du prévenu tentera de minimiser ces faits-là mais : "Vous pouvez retirer votre plainte mais certainement pas mettre en doute le médecin", a asséné la présidente.
Pour la partie civile, Me Pierre Charpy, a expliqué que le beau-frère et la belle-sœur ne sont pas à l'audience "terrorisés" d'être face au prévenu. Il a pointé du doigt ces "bruitages" macabres de pelle pendant le coup de téléphone à sa belle-sœur. Quant à Me Emel Kartal, pour la défense, relèvera une phrase blessante de la belle-sœur qui a fait sortir le prévenu de ses gonds.
Dans ses réquisitions, le procureur a rappelé que "les violences sur les victimes sont évidentes. On est face à une personne qui minimise les faits". Le ministère public a requis une peine mixte de 8 mois à 1 an assortie d'un sursis mise à l'épreuve pour soigner cette «agressivité». Le tribunal ira au-delà avec une peine de 15 mois ferme assortie d'un sursis mise à l'épreuve de 2 ans et obligation d'indemniser les victimes pour 1 000 euros et 1 700 euros.
http://www.lindependant.fr/2013/08/07/j-enterre-ton-mari-c-est-le-bruit-de-la-pelle,1781103.php
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