Une enquête trop faible, quelques indices, pas de preuves... Les jurés de la Cour d'assises de Paris ont finalement décidé d'acquitter les six accusés dans le procès de la tentative d'assassinat en 2007 de l'ex-avocat Karim Achoui . Le jury n'a pas suivi les demandes de l' avocat général , Bruno Sturlese, qui avait requis deux condamnations et quatre acquittements.
Le 22 juin 2007 peu avant 22h00 Karim Achoui, avocat pénaliste médiatique, aujourd'hui radié du barreau, était atteint par deux balles de gros calibre devant son cabinet du boulevard Raspail (Paris VIIe). Sur les six personnes renvoyées devant la Cour d'assises dans cette affaire, l'avocat général avait requis 20 ans de réclusion criminelle contre Ruddy Terranova, soupçonné d'être le tireur et 15 ans contre Mamadou Ba, présenté par l'accusation comme son pilote.
Le jugement de la Cour d'assises sonne comme un désaveu pour l'ensemble des acteurs de la procédure, policiers et juge d'instruction qui ont présenté la tentative d'assassinat de l'ex-avocat comme un contrat commandité depuis sa prison par un repris de justice, Djamel Hakkar, exécuté par deux petites mains, Ruddy Terranova, le tireur, et Mamadou Ba, le pilote, avec la complicité de trois intermédiaires, Brahim Bordji, Jacques Haddad et Nordine Kherbache.
"C'est le Concordia"
C'est également un désaveu pour la victime Karim Achoui qui a toujours déclaré avoir formellement reconnu le tireur. Désaveu également pour sa thèse d'un complot ourdi par un policier de Versailles dont le tireur était un indic et qui lui en aurait voulu pour les succès qu'il remportait en tant qu'avocat auprès de sa clientèle du grand banditisme.
"C'est un naufrage judiciaire des juges, des enquêteurs, tout le travail réalisé n'a abouti à rien, c'est le Condordia", a-t-il lancé à l'AFP en se référant au bateau échoué en Italie. L'ex-avocat s'est voulu serein par rapport à l'acquittement de celui qu'il présentait comme son agresseur. "Ruddy Terranova ne me suffisait pas, c'était celui qui avait appuyé sur le bouton (le commanditaire) qui intéressait", a-t-il expliqué.
"Je suis quelqu'un d'impulsif. Mais j'ai changé"
Ces six acquittements soulignent les faiblesses d'une enquête qui n'a pas éclairé les jurés sur les mobiles du guet-apens visant, fait rarissime, un avocat, et qui s'est contentée de faisceaux d'indices et non de preuves, comme l'avait d'ailleurs souligné l'accusation elle-même pour quatre des accusés.
Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, Rudy Terranova avait réaffirmé son innocence. "Je suis capable de tirer sur quelqu'un, c'est vrai, mais pas dans ces circonstances. Je suis quelqu'un d'impulsif. Mais j'ai changé, j'essaye de me convaincre que j'ai changé", avait-t-il ajouté, derrière ses lunettes.
Cinq des six accusés sont donc remis ou laissés en liberté, seul Mamadou Ba restant incarcéré dans une autre affaire.
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