jeudi 14 novembre 2013

La thèse de la complicité de Noëlla Hégo très sérieusement fragilisée

Le procès en appel de Stéphane Moitoiret et Noëlla Hégo a connu un nouveau rebondissement jeudi matin. On sait que la santé mentale de l’accusé du meurtre de Valentin, tué de quarante-quatre coups de couteau en 2008 à Lagnieu, fait toujours débat. Mais la personnalité de l’accusé, ses délires cosmiques sur le clonage et son titre de roi d’Australie, son mutisme lors du premier procès en 2011 à Bourg-en-Bresse, a trop souvent masqué qu’il y avait une accusée à ses côtés.
Si les éléments matériels, les témoignages, et l’ADN accusent Moitoiret d’avoir tué le petit Valentin, quelle est l’implication de son ancienne compagne qui n’était présente sur les lieux du crime ? Selon l’acte d’accusation, elle aurait en quelque sorte été l’instigatrice du crime. Sans lui dire : « va tuer un enfant » pour telle ou telle raison. Non, le parquet de Bourg-en-Bresse et la juge d’instruction avaient mis en avant la théorie du « retour en arrière » qu’on ne trouvera dans aucun code pénal ou traité de criminologie, mais qui figure en toutes lettres dans l’acte d’accusation.

Mercredi, l’audition du capitaine de gendarmerie George Martin, le directeur d’enquête de l’époque, aura été édifiante. Le gendarme s’est décomposé au fil des une heure trente d’audition où il a été mis sur le grill par Me Naserzadeh, l’avocate de Noëlla Hégo, et Me Berton, l’avocat de Stéphane Moitoiret. L’avocate s’est évidemment étonnée que la très sérieuse gendarmerie ait fait des recherches, consignées sur procès-verbal, sur « le mage Belbar », un nom inscrit sur des cahiers aux côtés de Luc Skywalker, Dark Vador ou Sankukaï ! « Belbar aurait pu manipuler Moitoiret, mais ce pourrait être un homme ou une femme, et ce pourrait être Noëlla Hégo » a répondu sérieusement le gendarme. Toujours dans ses conclusions d’enquête, pour appuyer cette thèse que Moitoiret aurait en quelque sorte été commandé par son ancienne compagne, le même capitaine avait affirmé que « le lien de subordination est clairement établi », Moitoiret obéissant en quelque sorte sans broncher à celle qu’il a même qualifié de « gourou ». Me Naserzadeh a alors fait sensation : « il y a deux cent témoins qui ont été interrogés et ont parlé des relations entre eux. Onze parlent d’un ascendant de cette femme par exemple parce que c’est lui qui portait les bagages, et cinquante ( !) témoignages disent qu’au contraire Moitoiret avait un ascendant sur elle. » Certains témoignages décrivent même Hégo comme un « pot de fleurs » ou se faisant hurler dessus par son compagnon de route relève l’avocate.

De plus en plus dans ses petits souliers, au fur et à mesure des questions de l’avocate lyonnaise, le témoin finissait par admettre que l’attitude de Noëlla Hégo le jour du crime n’avait pas grand-chose à voir avec un rapport de domination : alors que Moitoiret était surexcité et en proférait des injures et des menaces contre les gendarmes pour l’avoir pris pour un voleur, Noëlla Hégo avait essayé de le calmer, sans succès. « Pourquoi dans le procès-verbal on ne relève pas que quelques heures avant le crime elle n’arrive pas à le calmer ? Qu’elle n’a donc aucun ascendant sur lui ? Et on voudrait nous faire croire que l’origine du passage à l’acte c’est elle » s’étonne me Naserzadeh. « C’est une règle de droit divin, c’est créer un incident, tuer quelqu’un » bafouille le gendarme. « Mais sait-on s’ils parlent de la même chose avec ce fameux retour en arrière ? Ca veut dire tuer quelqu’un pour lui ? » questionne encore l’avocate. « C’est peut -être plus nuancé… il n’a pas répondu à la question » est obligé de convenir le témoin.
Un ange plane et le président Taillebot lâche alors : « c’est vrai que… c’est bien mystérieux cette notion de retour en arrière ». Me Berton intervient à son tour : « on se convainc de choses assez incroyables, quand même. On est dans une affaire de meurtre. C’est quoi la définition du retour en arrière, selon vous. Vous en avez beaucoup vu en trente-cinq ans de carrière ? » « C’est vrai que ce n’est pas une définition juridique… On peut pas l’expliquer… » bredouille le gendarme qui perd littéralement pied à la barre, se perd dans des phrases sans queue ni tête, semble de plus en plus gêné. « Ce que vous écrivez a quand même été lu par un procureur, par un juge, et a servi à envoyer quelqu’un en prison » rappelle Me Berton. Le président Taillebot s’interroge alors à haute voix : « c’est vrai que comment fait-on le lien avec la mort de quelqu’un, d’un enfant en plus, avec tout ça ? » « Toutes les difficultés viennent du fait que Moitoiret n’a rien voulu dire, de ce mutisme » intervient alors le procureur Gandolière dont on ne sait pas encore s’il va encore soutenir cette thèse de la complicité d’assassinat qui a sérieusement vacillé mercredi matin.

http://www.leprogres.fr/ain/2013/11/14/la-these-de-la-complicite-de-noella-hego-tres-serieusement-fragilisee

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire