Pour ce premier jour de procès, Ludovic Requis écoute Jean-François Redonnet, président de la cour d’assises des Vosges, évoquer les faits qui l’ont conduit dans le box des accusés. Il est poursuivi pour tentative d’assassinat. Pourquoi et comment le « bon élément, l’officier brillant », a décidé de tirer à onze reprises sur son rival ?
Une enfance heureuse entourée « de (ses) parents et grands-parents ». Après une brillante scolarité, Ludovic Requis décroche deux diplômes d’ingénieur dans l’agriculture et dans la finance. Mais c’est dans la gendarmerie qu’il décide de poursuivre sa carrière. « J’ai trouvé une motivation que je n’avais pas dans le métier de la finance », avoue l’accusé à l’accent du sud-ouest.
Alors qu’il est commandant d’une compagnie d’élite de la garde républicaine, en 2004, il rencontre une femme, gendarme comme lui. Elle deviendra son épouse quelques mois plus tard. Un premier enfant vient sceller leur amour. Puis un second en mars 2008.
Début août 2008, la famille vient s’installer à Chaumont, en Haute-Marne. Ludovic Requis est le nouveau commandant de la compagnie de gendarmerie. Son épouse est officier à l’école de gendarmerie. « Elle est devenue irritable. On avait de plus en plus de mal à retrouver une intimité de couple. J’ai mis ça sur le compte de l’accouchement », se souvient l’accusé. Le 4 décembre 2008, son épouse est sur la route, de retour d’un déplacement professionnel. Quelques soupçons intriguent l’officier. Il fouille et trouve une facture téléphonique détaillée avec un numéro préférentiel. Il compose les chiffres et tombe sur le répondeur d’un de ses collègues : l’amant de sa femme. Son épouse et ses enfants comptent plus que tout. Il veut tuer celui qui fait voler en éclats sa famille.
Il se rend dans une chambre forte et saisit son arme, un Sig Sauer® 9 mm ainsi qu’une autre ne lui appartenant pas. « Je ne suis plus dans la phase réflexion, je suis dans la phase action », rapportera le tireur lors de sa garde à vue. À 23 h, il se poste devant la gendarmerie et attend sa femme.
L’amant s’en sort sain et sauf
Après 45 minutes de faction, une voiture arrive. Son épouse en descend. Au volant, l’amant. Dans les rues de Chaumont, Ludovic Requis prend en chasse la berline. Il la double, ouvre la vitre, côté passager et tire deux fois. Le rival s’arrête, se couche. Le mari trompé tire à nouveau. En tout onze coups de feu retentissent. Cinq ou six impacts sont retrouvés dans la voiture. L’amant s’en sort sain et sauf.
Ludovic Requis prend conscience de ses actes. Il ignore si sa victime est blessée ou décédée. Il appelle son commandant de groupement et lui dévoile ce qu’il vient de commettre avant de se rendre au commissariat.
Lors de son audition aux enquêteurs, l’ex-gendarme indique qu’il « ne regrette pas son geste ». Il remercie la providence : son rival est vivant. « Ainsi, ça ne fait pas de moi un assassin. » Ludovic Requis encourt la perpétuité
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/11/07/je-ne-suis-pas-un-assassin-xalr
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