"Des bijoux, des bijoux, encore des bijoux." Voilà qui pourrait résumer l'affaire, sur un air revisitant Le poinçonneur des Lilas de Gainsbourg. Des bijoux, Séverine L. en a volé. Probablement des centaines. Elle en a écoulé dans des officines, aussi. 1.638 g d'or, pour plus de 38.000 euros, dont une majorité proviendrait de ses vols. Ironie de l'histoire : Séverine L. travaillait alors pour le bijoutier spolié...
Pourtant, la prévenue de 47 ans qui s'avance à la barre du tribunal correctionnel de Nice n'a pas le profil d'un voleur de bijouterie. Pas le pedigree, non plus - son casier judiciaire est vierge.
Loin des braquages qui ont défrayé la chronique, c'est en toute discrétion que cette employée dévalisait les trois boutiques où elle a travaillé, à Nice, entre décembre 2011 et juillet 2012. Avec un coquet préjudice à la clé.
C'est un... gamin qui a mis les policiers sur sa piste. Un ado surpris alors qu'il tentait de revendre, dans une bijouterie, les bijoux piqués à sa maman. En auscultant le registre de police (sur lequel sont consignés les achats d'or) de cette bijouterie, les policiers relèvent un nom qui revient un peu trop souvent.
Beaucoup de dépôts, beaucoup de cash à la clé. Ce nom, c'est celui de Séverine L.
En poursuivant leurs investigations, les policiers identifient une vingtaine de dépôts dans six bijouteries différentes. Et ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Les perquisitions chez Séverine L. vont mettre au jour "une caverne d'Ali Baba", dixit la présidente du tribunal, Laurie Duca. Et d'énumérer l'impressionnante liste des trouvailles: "chaînes en or, pendentifs, gourmettes, boucles d'oreilles, pierres précieuses, montre Tissot..."
Séverine L. est bien équipée, aussi : hi-fi et électro-ménager flambant neufs. Ce, alors que ses comptes bancaires étaient dans le rouge voilà peu. Certes, une partie des bijoux lui appartient bel et bien. Mais difficile de nier le vol des autres.
Accusation de viol
Séverine L. livre alors une explication détonante: son patron aurait tenté d'abuser d'elle. A la suite de quoi elle aurait décidé de se venger en le volant. "Je n'aurais pas dû me faire justice à moi-même. J'aurais dû déposer plainte tout de suite", concède l'intéressée.
Une fellation en contrepartie d'une promotion : tel est le sombre chantage présumé, qui fait l'objet d'une enquête parallèle. A la lueur de telles accusations, Séverine L. "ne peut être considérée comme une voleuse normale", estime son avocat Me Lionel Budieu.
Côté partie civile, Me Paul Guetta crie au "contre-feu", aux allégations mensongères visant à se dédouaner.
Le bijoutier chiffre son préjudice total à 130.000€. A titre de peine principale, le procureur Jean Coutton requiert six mois de prison avec sursis-mise à l'épreuve. Délibéré le 17 décembre.
http://www.nicematin.com/nice/a-nice-lemployee-devalisait-son-bijoutier-pour-se-venger.1547295.html
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