Qui se ressemble s'assemble, dit l'adage. C'est aussi ce qui ressort de l'audience de mercredi devant la cour d'assises de la Gironde. Depuis lundi, Nathalie Boutin et Jean-Marc Arbouin sont jugés après l'assassinat du mari de l'accusée, Cyrille Boutin, le 30 octobre 2011 à Cavignac. Experts psychiatre et psychologue ont défilé à la barre pour parler des deux amants. Deux êtres en souffrance qui se sont trouvés, épaulés.
Jean-Marc Arbouin assure qu'il s'agit d'une affaire passionnelle. L'expert psychiatre explique avoir "déjà eu des dossiers où la passion prend le dessus. Mais pas là". Pour le docteur Pierre Bonnan, l'accusé "immature", "frustre" "vit dans l'immédiateté de ses attentes et désirs". Il s'est posé en amant et sauveur car il la disait "séquestrée et violée" par son mari. "Et la logique implacable pour délivrer sa maîtresse, c'était le passage à l'acte".
Paule Dahan, expert psychologue voit en Jean-Marc Arbouin "un sujet dépendant" qui voit dans Nathalie Boutin "un amour sublime et sublimé" et tente de survivre à un sentiment d'abandon en s'appuyant sur elle. Elle note chez lui des "manques précoces" et "une nette angoisse de perdre l'autre". "En tuant Cyrille Boutin, ce n'est pas elle qu'il sauve mais lui même, car il porte secours à cette femme investie comme étant indispensable à sa survie".
"Je suis coupable", lance Jean-Marc Arbouin, comme pour en finir. L'avocate générale a le sentiment qu'il couvre sa maîtresse. Devant les experts, Nathalie Boutin n'a eu de cesse de vouloir démontrer les difficultés rencontrées dans son couple. Elle a décrit un climat tyrannique maintenu caché pour préserver sa famille. Elle a trouvé en Jean-Marc Arbouin une épaule et une oreille attentive. La jeune femme jusque là froide et éteinte dans son box se met à pleurer à l'évocation de son intimité, de sa relation à la mère.
L'avocate générale Dominique Hoflack n'y va pas par quatre chemins. Elle veut savoir si madame n'a pas manipulé son amant pour "l'amener à la débarrasser de son mari'. Car au début de l'enquête, peut-être pour ne pas attirer foudre et soupçons, Nathalie Boutin a eu ces mots cités par la magistrate pour parler de son amant. "On ne peut pas dire que c'est de l'amour", "je n'envisage rien avec lui", "il n'a rien à espérer avec moi, je suis dégueulasse".
L'expert psychiatre n'a constaté ni affabulation ni manipulation de la part de l'accusée. Et même une franchise déroutante quand elle dit se sentir "plus libre" depuis la mort de son mari, car "personne n'est en danger, les violences ont cessé". "Il faut qu'elle devienne actrice et non spectatrice de sa propre vie", estime l'expert psychologue qui voit dans la vie de l'accusée une reproduction du modèle parental, une répétition de la soumission maternelle au chef de famille.
"C'est du gâchis, j'ai perdu beaucoup de choses", murmure l'accusée. Elle nie avoir fait un hochement de tête ce jour-là qui aurait été un signal convenu entre les deux amants pour tirer le premier coup de feu. Sur une question de Me Janaïna Leymarie, avocate d'Hervé Boutin, fils de l'accusée et de la victime, elle reconnaît "une part de responsabilité dans la mort de son mari". Mais pas une complicité d'assassinat.
http://www.sudouest.fr/2013/12/11/assassinat-de-cavignac-deux-amants-en-souffrance-1256587-2780.php
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