samedi 14 décembre 2013

Charente-Maritime : il croit tuer l'amant de son ex-femme et écope de dix-huit ans de prison

À 82 ans, Gilles Bichon a écopé de dix-huit ans de prison, vendredi, à la cour d’assises de Charente-Maritime, à Saintes. L’agriculteur retraité, encore très alerte dans le box des accusés, a été reconnu coupable de l’assassinat de Freddy Fouillat, le serrurier abattu de deux coups de fusil le 20 juillet 2011 dans la cour d’une ferme de Trizay.
L’ouvrier de La Clisse ne connaissait pas son agresseur, âgé alors de 79 ans. Il était juste venu changer une serrure. Celle d’un hangar appartenant à l’ex-femme de Gilles Bichon. L’objet de la discorde.

La veille, Gilles Bichon avait exposé sa version des faits. Il avait pris la victime pour le compagnon de son ex-femme qui l’aurait menacé deux semaines auparavant s’il ne débarrassait pas ses affaires du fameux hangar. Il avait déclaré qu’il s’était senti menacé par l’intrus.
Une version entièrement réfutée, hier, par Martine Pétreault-Bouché, l’avocate générale. « Il y a eu la volonté de tirer et de donner la mort », a assuré cette dernière. Les différents témoignages et l’analyse des experts ont démontré la fragilité de la version « légitime défense » de l’accusé. « Il a eu un geste sûr : il a épaulé son fusil, visé et tiré, c’est le geste d’un chasseur. »
De même l’attitude agressive de Freddy Fouillat n’a pas été confirmée par les experts. Le premier tir au thorax, côté gauche, démontre que la victime n’était pas face au tireur comme celui-ci l’a affirmé. Il n’était pas en condition, alors, d’aller vers lui de façon « menaçante ». « Il s’effondrait à ses pieds et c’est là que Gilles Bichon a tiré le deuxième coup de fusil. » À la tête, fatal.
Martine Pétreault-Bouché a surtout marqué le caractère prémédité de l’acte. « Plusieurs phrases annonciatrices de l’état d’esprit de l’accusé avaient été prononcées avant le drame comme « je sors le fusil » ou « je ne crains pas d’aller en prison ». Même si ses proches ne l’ont pas pris au sérieux, ça ne veut pas dire que l’intention d’homicide n’existait pas. » L’avocate générale a requis vingt ans de réclusion.
L’avocate de la défense, Me Benigno, du barreau de La Rochelle-Rochefort, a tenté d’atténuer la charge de préméditation. Elle a parlé de geste irraisonné de son client, « une pulsion ». Le divorce, difficile, aura détruit Gilles Bichon. « Un agriculteur habitué au travail difficile ayant des valeurs fortes ». Il ruminait. « Mais c’était par peur, le compagnon de son ex-femme l’avait menacé quelques jours auparavant. »
Elle a tenté de faire peser l’âge de son client dans la décision des jurés. Cela n’a pas suffi.

http://www.sudouest.fr/2013/12/14/le-retraite-ecope-de-dix-huit-ans-de-prison-1259324-1531.php

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