lundi 9 décembre 2013

Meurtre du café du théatre à Besancon : suivez le proces en direct

L'audience est présidée par François Ardiet. Elisabeth Philiponet est avocat général. Me Randall Schwerdorffer défend Marouane Chkarmi, Me Julien Vernet assure la défense du principal accusé, Arnaud Gijbels.
8h55.- Le procès d'Arnaud Gijbels, accusé d'avoir tué Pascal Legal d'une centaine de coups de couteau en novembre 2011, va commencer dans quelques minutes. Poursuivi pour proxénétisme parce qu'il a présenté les deux acteurs du drame, Marouane Chkarmi, qui comparaît libre, est déjà dans le box.
9h05.- le président Ardiet a demandé aux deux acusés de confirmer leur identité. Le tirage au sort des jurés a commencé.
9h30.- Courte suspension d'audience pour laisser aux jurés le temps de prendre des dispositions. Le procès va en effet durer une semaine entière.
9h45.- Reprise de l'audience,le président Ardiet résume l'acte d'accusation.
Lundi 14 novembre 2011 vers 12h30, le corps de Pascal Legal était découvert à son domicile, nu, ensanglanté, présentant les traces de nombreux coups de couteau. Nombreuses taches de sang dans l'appartement, il s'agit du sang de la victime. Dans l'appartement, une valise prête et un billet d'avion pour le Maroc. Une voisine dit qu'elle a vu un jeune homme sortir de l'immeuble le dimanche vers 20h.
L'autopsie révèle une centaine de coups de couteau sur le cou et le thorax, coups portés avec violence et acharnement. Pas de trace d'ADN, examens toxicologiques néatif, la victime n'avait absorbé ni alcool ni médicaments ni stupéfiants.
L'enquête révèle que la victime était homosexuel et qu'il avait recours à de jeunes prostitués, d'origine maghrébine souvent.
Volée le soir du meurtre, la carte bancaire de Pascal Legal va être utilisée jusqu'au 20 novembre pour des retraits dans desdistributeurs. Les caméras des distributeurs montrent un jeune homme.
L'enquête révèle que Marouane Chkarmi se prostitue, qu'il a eu des rapports avec Pascal Legal et qu'il recrutait de nombreux jeunes hommes qu'il présentait à Pascal Legal.
Marouane Chkarmi touchait 50 euros lorsqu'il présentait un jeune homme à Pascal Legal. Les jeunes hommes percevaient la même somme. Arnaud Gijbels lui a dit qu'il avait rencontré Pascal Legal le dimanche 13 novembre.
Arnaud Gijbels a été vu avec un ordinateur portable. Sa petite amie révèle qu'un couteau a disparu des chez elle. Il est interpellé le 20 novembre à la gare d'Annemasse. Il est porteur de la carte bancaire de la victime, de 1800 euros en liquide qui proviennent des retraits avec cette carte. Son pantalon porte des traces du sang de la victime. Il déclare spontanément être à l'origine de la mort du cafetier bisontin.
Arnaud Gijbels dit s'être vengé d'un viol subit au mois d'août

Lors de ses premières auditions, Arnaud Gijbels indique qu'au mois d'août, il a été drogué et violé par Pascal Legal et qu'il a envisagé de se venger en lui faisant subir des violences ou un cambriolage. Le 13 novembre, Arnaud Gijbels a pris rendez-vous avec Pascal Legal par SMS. Ils ont bu un verre vers 15h. Pascal Legal lui a proposé de prendre une douche à deux, ce qu'il aurait refusé. Pascal Legal le rejoint en peignoir, Arnaud Gijbels lui donne un, puis plusieurs coups de couteau. Il explique avoir emporté des vêtements, l'ordinateur et la carte bancaire dont il a trouvé le code sur un papier.
Arnaud Gijbels dit qu'il n'a pas voulu donner la mort, Marouane Chkarmi dit qu'il n'a jamais imaginé être poursuivi pour proxénétisme.
10h25.- Début de l'interrogatoire d'Arnaud Gijbels, qui raconte sa première rencontre avec Maoruane Chkarmi à la gare de Besançon. Celui-ci lui a d'emblée parlé de rapports sexuels avec des hommes prêts à payer pour celà. "J'ai voulu en savoir plus, qui était ce Pascal Legal. Il m'a demandé si j'étais circoncis, il m'a montré des photos des hommes qu'il fréquentaitr. Il a appelé Pascal Legal devant moi avec le haut-parleur. Pascal et Chkarmi ont proposé un rendez-vous pour qu'on se voit tous les trois, il m'a ensuite déposé à Planoise. On a échangé nos numéros de téléphone."
Arnaud Gijbels raconte qu'il a rencontré Pascal Legal en présence de Maouane Chkarmi quelques jours plus tard.  "Je voulais voir qui était cette personne qui payait pour fréquenter de jeunes hommes, je me suis aperçu que c'était quelqu'un de gentil, avec qui on peut parler de tout. Il m'a dit quelles étaient ses positions dans l'homosexualité. Je lui ai dit que j'étais hétérosexuel à 100%. Avant cette soirée, j'avais mis les choses au clair avec Marouane Chkarmi. Lui et Pascal Legal sont partis dans la chambre, je les ai suivi, je les ai regardé pendant quelques minutes. Je n'ai pas participé, Pascal Legal m'a donné 50 euros pour me montrer que c'était bien réel qu'il était prêt à donner de l'argent." Arnaud Gijbels situe cette rencontre le 8 juin.
A l'époque, Arnaud Gijbels n'a pas de domicile fixe, il dort chez des amis. Sur interrogation du président Ardiet, il précise qu'il est hétérosexuel et que s'il a des relations avec des hommes, ce n'est que pour l'argent.
"J'ai tout de suite su que Marouane Chkarmi était un gars bizarre. Nous avons échangé nos numéros de téléphone avec Pascal Legal pour nous rencontrer sans son intermédiaire".
Arnaud Gijbels dit avoir revu Pascal Legal en tête à tête une soirée fin juin. "Il y a eu des relations sexuelles, des fellations. Marouane Chkarmi n'était pas au courant. Pascal Legal préférait ne pas avoir à faire à lui".
Après avoir travaillé un mois en Corse, Arnaud Gijbes revient à Besançon fin juillet. Il revoit Pascal Legal un soir, nouvelles fellations tarifées. La rencontre suivante, au mois d'août, "c'est là que ça a dérapé, c'est là que je me suis rendu compte que Pascal Legal avait deux visages. Ce soir là, comme les fois précédentes, on commence à discuter. Il va chercher à boire dans son bar, il remonte et on continue à discuter. C'est une période ou je consommait beaucoup d'alcool et du cannabis, mais ce soir-là je n'avais rien consommé. J'ai eu un trou noir, je me suis réveillé dans son lit, déshabillé, avec du sperme sur moi. J'avais mal à la tête et à l'anus. Pascal Legal s'excusait, disait qu'il ne voulait pas que ça s'ébruite. Il s'approchait avec un couteau, il était tout tremblant. J'étais terrorisé, sonné. Je lui ai dit de me laisser, que je ne dirais rien, je suis parti."
Le président Ardiet précise que les perquisitions n'ont pas permis de trouver chez Pascal Legal des produits susceptibles de provoquer un trou noir.
Arnaud Gijbels dit qu'il a ensuite revu Pascal Legal "deux fois, dont le 13 novembre".
Pourquoi avoir gardé le contact avec Pascal Legal?  "Je ne voulais pas qu'il sache que j'avais la haine, je ne voulais pas qu'il se méfie. Je voulais me venger d'une manière ou d'une autre, mais j'ai jamais voulu le tuer. Je n'ai jamais été violent, je n'ai jamais fait saigner quelqu'un." La rencontre suivante : "Je voulais tout casser chez lui, quelque-chose comme çà. Et puis il a refait son Pascal gentil, j'avais limite envie de le prendre en compassion. Je suis parti précipitamment. Je suis quelqu'un de trop gentil."

"Je me suis rendu compte que j'avais porté des coups de couteau à un homme et qu'il allait sûrement mourir"

11h15, Arnaud Gijbels raconte la soirée tragique du 13 novembre 2011

Arnaud Gijbels : "J'avais pris un couteau, pour lui faire peur. je voulais qu'il s'excuse, qu'il soit à genoux, à plat ventre, qu'il se rappelle de çà toute sa vie. Je voulais tout casser ou tout brûler chez lui. J'avais pas de plan en tête. On a bu un coup comme si tout était normal. je lui ai fait croire que tout allait continuer comme avant, qu'il allait me faire une fellation et me donner de l'argent. Il travaillait quand je suis arrivé, il m'a dit qu'il allait prendre une douche. j'ai attendu qu'il y aille parce que quand on est tout nu, on est plus vulnérable. Je voulais qu'il ressente l'humiliation que moi j'ai subit. L'humilier encore pire que lui m'avait humilié. Je voulais l'humilier, mais sans le tuer pour qu'il garde çà jusqu'à la fin de sa vie. On est allés dans la chambre, j'ai fait semblant de dégrafer mon pantalon et j'ai sorti ce couteau pour voir son sourire retomber. je me suis approché de lui, je lui ai sorti tout ce que j'avais sur le coeur. Il levait les mains, il disait fais pas n'importe quoi. Il est venu au contact, j'ai eu un réflexe, un petit geste sur l'avant. C'est comme çà que le premier coup a été porté au dessus du coeur.
Le président Ardiet : "Ce premier coup, est-ce vous qui l'évez porté ou Pascal Legal qui s'est empalé sur le couteau ?"
Arnaud Gijbels : "Je ne veux pas dire qu'il s'est empalé tout seul, ce ne serait pas la vérité."

Arnaud Gijbels : "Je ne pourrais pas dire combien de coups de couteau j'ai donné, ni le laps de temps que ça a duré. Je pensais peut-être une dizaine de coups. Quand on m'a dit 99, je n'y ai pas cru"
Le président Ardiet : "99 plaies, on verra que ça peut correspondre à plus de coups de couteau. Une fois qu'il a été allongé sur le sol, qu'avez-vous fait?"
Arnaud Gijbels : "Il est tombé à genoux, j'ai tout de suite pensé à la religion. J'ai pris son peignoir et je l'ai recouvert."
Le président Ardiet : "Pourquoi vous l'avez recouvert ?"
Arnaud Gijbels : "Quand je me suis calmé, je me suis rendu compte de ce que j'avais fait, j'ai eu ces images de lui avant, on parlait de tout, on parlait de voyages, on rigolait. j'ai eu tous les bons côtés de Pascal Legal qui me sont revenus au visage. Je me suis rendu compte que j'avais porté des coups de couteau à un homme et qu'il allait sûrement mourir. Il resiprait encore".
Le président Ardiet : "Il a respiré combien de temps ?"
Arnaud Gijbels : "Je ne sais pas.Il s'est passé quelques minutes ou j'avançais vers lui, je reculais. Je cogitais, je me disais que j'ai jamais voulu que ça se passe comme çà."

Le président Ardiet : "Vous avez effacé des traces?"
Arnaud Gijbels : "Comme j'avais des gants sur moi j'ai commencé, puis je me suis dit que ça ne servait à rien, j'ai arrêté, je savais que la police allait m'interpeller dans les minutes, dans les heures ou dans les jours à venir".
L'accusé reconnaît être parti de chez Pascal Legal avec l'ordinateur, l'appareil photo, la carte bancaire et avoir effectué des retraits d'argent. Il est ensuite reparti à Annemasse;
Arnaud Gijbels : "Je savais que j'allais me faire interpeller très vite. Je voulais revoir ma mère, passer du temps avec ma petite amie."
Le président Ardiet : "Il venait d'où le couteau ?"
Arnaud Gijbels : "De chez moi, à Annemasse".
Le président Ardiet : "Pourquoi l'avez vous pris ?"
Arnaud Gijbels : "Pour aller chez Pacal Legal"
Le président Ardiet : "On peut dire cinq à huit jours avant alors ?"
Arnaud Ardiet : "Oui"
11h55.- L'avocat général Elisabeth Philiponet se fait préciser quelques points par l'accusé. elle met en doute le viol subit au mois d'août. "Ce viol présumé, parce que comme vous êtes présumé innoncent tant que vous n'avez pas été condamné, Pascal Legal est présumé innoncent de ce viol dont vous êtes le seul à l'accuser".
Elle cherche à démontrer qu'en s'étant muni du couteau dès son départ d'Annemasse, Arnaud Gijbels a prémédité son acte. "Tout le temps que vous avez parlé de la scène, vous avez parlé de votre très grande haine. Vous croyez vraiment que vous avez eu un si petit geste. Il est nu, coincé dans un coin de la pièce, vous êtes habillé, vous êtes armé, et vous avez peur de Pascal Legal ?"
Elisabeth Philiponet : "Il y a une inconnue, c'est la façon dont vous avez obtenu le code de la carte bleue. Il y a des lésions qui piquent et des lésions qui transpercent. Des lésions qui piquent, qui peuvent faire partie d'un processus qui viserait à faire dire à une personne le code de sa carte bleue par exemple. Vous comprenez ? Je suis en train de dire que vous l'avez torturé"
Arnaud Gijbels : "Ce n'était pas mon intention."
Elisabeth Philiponet : "Vous avez méthodiquement fouillé l'appartement. Vous avez même pensé à l'ADN. Vous êtes allé faire la fête avec l'argent du mort, vous avez essayé de revendre ses chemises à vos amis".
Arnaud Gijbels : "C'était sale"
Elisabeth Philiponet : "Ce n'est pas la question, qu'est-ce qui se passe dans votre tête ?"
Arnaud Gijbels : "Quand je l'ai tué, la colère. Après, j'ai voulu continuer ma vengeance"
Elisabeth Philiponet : "Comment vous gérez vos colères ?"
Arnaud Gijbels : "La foi en Dieu"
Elisabeth Philiponet : "Oui, mais à ce moment là, vous ne l'aviez pas".
12h15.- Me Randall Schwerdorffer, avocat de Marouane Chkarmi, veut faire la lumière sur les relations entre son client et Arnaud Giujbels. "Vous êtes dans une voiture, dans un bois de Besançon, avec un homme qui vous a clairement dit qu'il était homosexuel, et vous lui montrez votre sexe pour prouver que vous n'étiez pas circoncis. Vous n'êtes pas farouche comme garçon."
Lui aussi met en doute l'hypothèse du viol du mois d'août. "Je n'y ai jamais cru une seule seconde". Et la version des faits racontée par l'accusée. "Après avoir tué, vous avez vu Dieu. Vous êtes devant un homme qui vit encore, mais plutôt que d'appeler les pompiers, vous volez les affaires de la victime. Qu'est-ce que vous faites 30 minutes après avoir tué ? Vous retirez de largent avec la carte bancaire de votre victime".
Et de conclure : "vous avez donné la mort à Pascal Legal après l'avoir torturé pour lui faire dire le code de sa carte bleue et ouvrir son coffre pour le voler. C'est crapuleux et sadique".
12h30.- Me Julien Vernet chargé de la défense d'Arnaud Gijbels : "Du 23 juin au 13 novembre, Pascal Legal a envoyé 87 SMS à Arnaud Gijbels, il en a reçu 33. C'est donc bien lui qui sollicitait M.Gijbels". 
12h40.- L'audience est suspendue jusqu'à 14h15.

LA SUITE SUR CE LIEN...... http://www.estrepublicain.fr/doubs/2013/12/09/meurtre-cafe-du-theatre-besancon-pascal-legal-suivez-le-proces-en-direct

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