Vous avez étudié plusieurs cas de parricides. Quel regard portez-vous sur celui-ci ?
- L'affaire d'Andy est une affaire exceptionnelle dans la mesure où il ne s'agit pas seulement d'un parricide, mais d'un double parricide élargi à la fratrie. On est donc confrontés à l'exception des exceptions. S'il faut toujours les prendre avec beaucoup de prudence, les chiffres que l'on voit circuler font état en moyenne d'une trentaine de parricides (patricide ou matricide) chaque année en France, et de deux à trois doubles parricides.
Le double parricide étant déjà très rare, le double parricide élargi l'est d'autant plus, et les cas connus relèvent pratiquement tous d'affaires historiques qui ont marqué l'opinion publique.
Quels principaux éléments caractérisent le parricide ?
- Il s'agit dans la grande majorité des cas de crimes psychotiques, c'est-à-dire pathologiques et relevant de la maladie mentale, du délire, de l'envahissement délirant, de la perte des repères habituels, etc.
Dans l'immense majorité des cas, ces délires sont soit un mode d'entrée dans la schizophrénie, soit une pathologie psychotique moins caractéristique mais néanmoins présente.
Qu'est-ce qui vous a particulièrement marqué dans le cas d'Andy ?
- Je ne suis pas dans le dossier et préfère donc rester prudent. J'ai toutefois été frappé par la pauvreté des raisons qu'il a pu donner. Il a dit, en revanche, que c'était comme s'il était devenu un autre -ou quelque chose d'approchant-, qu'il fallait le faire, en référence à une sorte d'impérativité, une force venant de l'extérieur qui l'aurait poussé vers une action imposée. Il décrit un état de dépersonnalisation –quand on ne ressent plus son corps comme avant-, de déréalisation –quand autour de soi les choses paraissent étranges, différentes.
L'évolution ultérieure qui n'a pas été celle d'une schizophrénie –point sur lequel tout le monde semble s'accorder- me paraît également intéressante dans cette affaire.
Il peut arriver que l'évolution psychotique ne se confirme pas, et que des aménagements défensifs permettent au sujet de se rétablir. Il semblerait que ce cela soit le cas de ce garçon qui n'est plus actuellement sous traitement médicamenteux, qui suit des cours... La question à présent est la suivante : confirme-t-on qu'au moment des faits une pathologie a complètement obscurci sa conscience ? A priori, et avec toute la prudence nécessaire, l'hypothèse pathologique me semble la plus plausible.Des membres de la famille d'Andy s'étonnent justement d'apprendre que le jeune homme, hospitalisé en UMD (unité pour malades difficiles), ne soit plus sous traitement, puisse sortir... Sa tante a notamment confié à "Europe 1" qu'elle espère que le procès apportera des explications.
- Les parties civiles, les proches, veulent un motif, des explications. Si toutefois on ne parvenait pas à trouver de pathologie, il faudrait tout de même livrer une explication, un éclairage, un mobile. En l'état actuel, ce jeune homme ne semble pas présenter de pathologie psychiatrique avérée, mais cela ne signifie pas que c'était le cas lors des faits. Il est à craindre, s'il est confirmé qu'il s'agit d'un acte pathologique, que les proches d'Andy n'aient jamais ce motif car le jeune homme, lui-même, ne l'a pas. C'est du moins ce qui est arrivé dans un certain nombre de cas. Pour qu'un sujet puisse dire pourquoi il est passé à l'acte, encore faut-il qu'il le sache.
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