Trois hommes comparaissaient à partir de lundi devant la cour d'assises de Paris pour l'assassinat en 2003 de Thierry Saman, un malfrat lié à des membres du grand banditisme qui était aussi un indicateur de police. Eric Steger et El Hadi Ghariani, tous deux 40 ans, sont poursuivis pour assassinat et Thierry Romero, 42 ans, pour complicité. Un quatrième homme, Joël Chapat, qui devait comparaître à leur côté pour complicité est décédé.
Le 7 novembre 2008, des policiers découvraient les ossements de Thierry Saman dans une voiture calcinée dissimulée au fond d'une immense carrière souterraine de 600 km de galeries dans l'Oise. L'expertise médico-légale a établi que l'homme avait été notamment atteint d'une balle dans la tête. La victime n'avait plus donné signe de vie depuis janvier 2003 et des rumeurs évoquaient son enlèvement et son assassinat par des voyous qui le soupçonnaient d'être un "indic" de la police. Gardien d'immeuble à Paris, Thierry Saman, 37 ans au moment de sa disparition, n'était pas un concierge ordinaire. Condamné pour vols et trafics de stupéfiants dans les années 1990, il fréquentait des membres du grand banditisme, en particulier le milieu des braqueurs de fourgons blindés, et était pour cela un informateur apprécié des enquêteurs de la répression du banditisme. Au moment de sa disparition, il devait être poursuivi aux assises de Paris, accusé d'avoir commandité une tentative d'assassinat contre sa femme. L'homme qui a tiré sur son épouse a expliqué que Saman lui avait dit qu'elle l'avait menacé de dénoncer son double jeu.
Les trois accusés du procès de lundi ont été mis en cause lors de l'enquête par un comparse qui a reconnu avoir été présent lors de l'exécution de Thierry Saman. Personnage clef de la procédure, il s'est suicidé en décembre 2008 après avoir tué de deux balles dans la nuque son gendre qui maltraitait sa fille. Cet homme, Louis Guillaud, dit "La Carpe", était bien connu des policiers. Il a passé une trentaine d'années en prison pour trafic d'armes, de faux billets et l'enlèvement en 1975 de Christophe Mérieux, héritier des célèbres laboratoires, pour lequel il avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Un message enregistré sur son répondeur, six jours avant la disparition de Thierry Saman, a mis les enquêteurs sur sa piste: "Oui, Pépère, c'est moi, la grande salope, là, qu'on devait t'faire niquer là, elle est partie, elle a disparu (...) Dès qu'on la retrouve celle-là, hein, parce qu'il faut absolument qu'on la nique", lui glisse un comparse. Interrogé, Guillaud explique qu'il s'agissait de "corriger" un indicateur de la police, de lui "mettre une bonne rouste". Il affirme qu'il devait assister à la correction en tant que "témoin", pour "passer la bonne parole" et "rassurer la victime".
Par la suite, il a détaillé les circonstances dans lesquelles la victime a, selon lui, été exécutée. Il a notamment raconté avoir retrouvé El Hadi Ghariani le 15 janvier 2003 sur une aire de l'autoroute A1, leur Audi étant suivie par un autre véhicule dans laquelle se trouvait Thierry Saman et Eric Steger. Selon son récit, lors d'un arrêt, El Hadi Ghariani est brusquement sorti du véhicule de tête en brandissant une arme de poing et aurait fait feu à plusieurs reprise sur Saman qui tentait de s'enfuir, en lui reprochant d'être une balance. Le corps de la victime aurait ensuite été transporté dans l'Audi jusqu'à la carrière souterraine et chargé dans une autre voiture rouge ensuite incendiée. Eric Steger connaissait bien l'existence de la grotte, fréquentée avec son père.
Autre élément à charge, les policiers ont découvert des traces du sang de Saman sur le siège passager de l'Audi, découverte dans un box sous-loué à Eric Steger. Les trois hommes contestent les faits. Pour l'avocat d'El Hadi Ghariani, Me Philippe Dehapiot, Guillaud pourrait être lui-même l'auteur des faits. Le procès est prévu jusqu'au 24 janvier.
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